L’Association Kayumanis au coeur des actions humanitaires
J’ai voyagé et vécu une quinzaine d’années en Asie ; j’y ai vu beaucoup de belles choses, j’y ai également côtoyé la misère. C’est en Inde que j’ai eu mes premiers contacts avec l’humanitaire, puis au Cambodge – paradis des ONG – où j’en fréquenterai plusieurs également. Je n’ai que rarement été en accord avec leur manière de faire. L’idée de l’aide internationale est très belle, mais depuis des années que l’on dépense sans discernement, on transforme souvent des peuples en assistés, dépourvus d’initiative et incapables de redresser leur économie.
L’Indonésie est située sur le cercle de feu ; ce qui entraine de fréquents tremblements de terre. L’un d’entre eux, particulièrement violent, rasa un jour le village d’un de nos employés.
Les habitants qui avaient survécu se sont retrouvés du jour au lendemain avec pour seule richesse ce qu’ils portaient sur le dos. Aucune aide à espérer. Ils avaient un stock de vieilles chambre à air et m’ont demandé si j’avais une idée de la manière dont ils pourraient en tirer profit.
Nous avons monté un premier atelier, ils se sont mis à fabriquer des portefeuilles, des sacs, des bijoux, des ceintures… Les filles travaillent le tissu : sacs, petites poupées pour les enfants (poupées de doigts). Elles se sont également mises à la fabrication de carnet en matériaux naturels (batik, fibres tressées), et elles recyclent leur papier elles-mêmes.
J’ai été bluffé par la vitesse à laquelle ils se sont remis du traumatisme, leur entraide et l’énergie qu’ils ont mis à reconstruire leur vie et à se remettre au travail ! Rapidement, nous avons été amenés à multiplier les ateliers ; en effet, deux vielles dames avaient perdu leur mari et leurs enfants dans la tragédie ; la retraite n’existe pas en Indonésie, ce sont les enfants qui s’occupent de leurs parents une fois l’âge venu. Leur savoir en matière de médecine traditionnelle nous fut très utile pour fabriquer des produits cosmétiques : elles font des savons, des crèmes, des huiles qui rendent la peau douce et parfumée.
Dans la catastrophe, un des habitants à perdu une jambe, par la force des choses, nous avons été en contact avec des handicapés. Aujourd’hui, leur atelier produit des jouets en bois et des puzzles.
Toute cette aventure s’est construite suivant l’idée que je me fait de l’humanitaire : ils doivent arriver à vivre de leur travail. Nous finançons, les ateliers, ils remboursent petit à petit les machines afin d’en être propriétaire un jour.
Nous achetons leur production et assurons le temps qu’il faut leur formation en gestion, production, logistique, design et tout ce qui peut être nécessaire à la réalisation de leur métier et d’eux-même !
Un des ateliers est autonome depuis novembre 2016. Nous en sommes très fiers… Moins qu’eux, toutefois !