Cahors – Saint-Cirq-Lapopie

Le Lot en automne est une merveille. Ce n’est qu’une question de jours avant que les feuilles soient soufflées par les vents et laissent les arbres nus. Nous prenons nos sacs à dos.

Nous arrivons à Cahors en fin d’après-midi et nous installons dans un gîte d’étape sur le chemin de Compostelle. C’est la fin de la saison et nous sommes seuls dans une belle grande chambre de cette ancienne maison de famille. 

Le lendemain, le maître des lieux, un cadurcien de souche, nous a préparé un super petit-déjeuner : ses confitures maisons sont un régal sur la baguette fraîche.

Nous partons vers le village de Vers par de jolis sentiers traversant les forêts enflammées des couleurs d’automne. Chaque arbre, du chêne au noyer en passant par les peupliers, flamboie sous un magnifique ciel bleu.

En marchant je laisse mon esprit vagabonder. Je « lâche prise » et laisse mille pensées arriver, repartir puis revenir. Les plus importantes décisions que j’ai prise dans ma vie, celles qui ont eu une incidence sur son cours, l’ont toutes été dans cet état où je laisse mon esprit accueillir ce qui vient et garder ce qu’il veut. Et ce furent toujours les bonnes décisions.

« Le Chemin m’a sauvé la vie », est une phrase que j’ai lue plusieurs fois sur les forums. Au début elle me paraissait incongrue, mais je pense mieux la comprendre maintenant. Le quotidien de nombre d’entre nous est fait d’une course insensée après le temps. 

On ne s’accorde pas de temps pour soi entre le travail, les enfants, les tâches ménagères… À force de courir dans tous les sens, nous ne savons plus pourquoi nous avançons et ne sommes plus satisfaits de rien puisque rien n’a de fin. 

Quand on marche, on se retrouve face à soi-même, on fait le point et on se remet en cause. On peut aussi « prendre le temps de prendre son temps » comme disait Alexandre le bienheureux (mon maître à penser ;-)).

La plupart d’entre nous sont des urbains et évoluer dans la nature entouré du chant des oiseaux et du bruissement des arbres ne peut qu’être bénéfique pour le cheminement intérieur. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu besoin de me retrouver dans la nature. J’habitais à Bruxelles mais allais souvent voir mes grands-parents dans les Ardennes belges.

Lorsque trop de temps s’écoulait sans y aller, j’insistais auprès de mes parents pour y retourner. Même enfant, j’avais besoin de ce contact. Je partais à la pêche avec mon grand-père et plus tard, dans les bois pour de longues balades. Lorsqu’on marche en dehors de son milieu naturel il faut trouver de nouveaux repères. Je comprends que des gens aient le sentiment de se sauver en réfléchissant et en prenant des décisions qui changent leur vie. Mais alors ce n’est pas le Chemin mais la marche qui les sauve.

        Arrivé à Vers, nous allons, une fois n’est pas coutume, dans un 3 étoiles qui est en fait le seul hôtel du village. Quel plaisir après plusieurs heures de marche de se relaxer les muscles dans un hammam, de nager et se plonger dans le jacuzzi… Et le soir, festin Quercynois à base de foie gras, d’épaule d’agneau confite et d’une tarte aux noix maison… La vie est belle ! 

Le lendemain, nous marchons vers Saint-Cirq-Lapopie. Nous continuons dans des paysages sublimes, nous suivons les méandres du Lot et passons par le chemin de halage creusé dans la falaise. Saint-Cirq-Lapopie est une autre merveille de village médiéval superbement entretenu. Une fois installés dans le gîte des pèlerins de Compostelle, nous nous promenons jusqu’au coucher du soleil et poursuivons le lendemain à l’aube. 

Puis c’est le retour à Cahors avec des gens sympas rencontrés dans le gîte et enfin, Toulouse. 

Nous avons de la chance d’habiter dans ce coin de France !