S’adapter à une nouvelle culture
Récit de voyage en Indonésie extrait du livre “Et si c’était mieux là-bas?”
“J’accroche bien avec Leliana, l’amie d’Eyke, contrairement à beaucoup de filles d’ici, elle n’a pas envie de partir vivre en Europe, elle est heureuse en Indonésie ! Elle a plusieurs petits amis occidentaux ; toutefois, ayant encore du mal avec l’anglais écrit, elle me demande de corriger ses lettres. Elles racontent en substance toutes la même chose et commencent toutes par “my big big honey”.
Elle a quatre petits amis, chacun d’eux est amoureux et ne doute pas une seconde de la réciprocité de ses sentiments ; elle me fait lire quelques lettres, certains ont la quarantaine passée et je n’en reviens pas de leur naïveté. Elle les mène par le bout du nez, demandant de l’argent pour suivre des études, pouvoir s’en sortir, soigner son petit frère, scolariser sa petite soeur… Elle rentre ainsi plus de mille cinq cent dollars par mois (une fortune ici) qui lui permet d’aider sa famille, de faire la fiesta avec ses amies et de trouver de nouveaux boyfriends en mal d’amour exotique.”
“Je loge toujours au même hôtel à Jakarta et je connais bien Budy, le patron. Mais lorsque je lui dis que je vais déménager, il est anxieux et s’en ouvre à moi.
– “Je ne comprends pas, j’ai l’impression que tous les « Bule »(1) fuient mon hôtel, il n’y plus que des Indonésiens, ça m’embête parce qu’ils ne mangent pas sur place et n’utilisent pas les services que je propose comme les tours organisés, la vente de tickets de bus, de trains ou d’avions… pourquoi partent-ils, tu penses qu’il y aurait du racisme là-dessous”
– “Non, non, je pense que c’est plus un problème culturel, tes clients Indonésiens laissent marcher très fort leur télé jusqu’à pas d’heure, les gamins courent partout, ils ne ferment pas la porte des toilette et s’ils oublient de tirer la chasse ce n’est pas un problème, en plus ils sont réveillés à 4h du matin et la foire commence… c’est leur manière de faire !” Le bruit, la promiscuité font partie intégrante de la vie ici ; nous, on préfère le calme et l’intimité.
Les Occidentaux partent, les Indonésiens restent entre eux et tout le monde est content. Aucun doute d’ailleurs que certaines de nos attitudes les irritent au plus haut point ; je ne prône pas la ségrégation, je pense que c’est une somme de petits détails mesquins qui sont à l’origine d’attitudes racistes et il serait absurde d’élaborer des théories qui justifient ces attitudes !
Prétendre qu’il n’y a qu’une manière valable de vivre (la sienne en l’occurrence) est stupide, il faut être ouvert et savoir trouver des compromis ; étant chez eux, c’est à nous de nous adapter. Toutefois, si je ne veux pas mourir d’insomnie et accumuler de la rancœur contre les joyeux lurons nocturnes, je déménage moi aussi.
Le soir, sous la douche, alors que je savonne son magnifique corps caramel, Eyke me dit « je suis contente que tu sois là ; je ne sais pas quand tu reviendras alors crois-moi, tu n’oublieras pas cette nuit ! »
Magnifique !
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(1) Prononcé « boulé » , cela signifie : Occidental
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