Category Archives: voyage en Asie

21Mai/21

Souvenir du triangle d’or

Rencontre de la Tribu Akha dans le Triangle d’Or

En 15 ans de voyages, j’en ai beaucoup, il ne m’est pas facile de faire une sélection

Nous faisons quelques incursions en Birmanie, pas trop car il y a des troubles en ce moment. Nous commençons à apprécier cette végétation épaisse où les arbres sont parasités par toutes sortes de plantes qui augmentent encore le désordre sauvage. Contrairement à nos forêts entretenues, les arbres ici s’imbriquent les uns dans les autres. Des lianes moussues pendent dans un inextricable fouillis de végétation à l’infinie gamme des verts.

Nous allons dans des endroits vraiment reculés. Nous arrivons dans une tribu Akha dont certains membres arrivent juste des jungles birmanes et n’ont encore jamais vu de Blancs. Je n’ai pas trop de peine à approcher les enfants, mais Pinan nous recommande de ne pas nous asseoir trop près d’une vieille dame apeurée par notre présence.

 

J’ai pu entrer en contact avec elle en passant par les enfants. Je me sers de diverses astuces pour me faire accepter, comme le zoom de mon appareil photo ou la lumière bleue de ma montre électronique, les enfants adorent ça. Là, j’ai sorti mon couteau suisse ; voyant les enfants fascinés, la vieille dame s’est petit à petit rapprochée. Je le lui ai mis en main, lui en ai expliqué l’usage, et c’était parti. Lorsque je mis le feu à un bout de papier grâce à la petite loupe et aux rayons du soleil, ce fut la gloire !


La marche est toujours difficile mais nous avons pris le rythme. Après une douzaine de jours, nous arrivons dans un village Meo, les habitants se révélèrent charmants mais le premier contact fut tendu. Nous gravissions la petite colline qui mène au village lorsqu’au sommet cinq types, l’air farouche, pointent leurs vieilles pétoires sur nous en aboyant dans leur dialecte.

Pinan leur parle d’une voix calme et douce, il explique que nous venons en amis, que nous cherchons juste un toit pour la nuit. Nous ne comprenons rien à ce qui se dit et ne sommes pas rassurés. Finalement, ils se radoucissent, baissent les fusils et nous laissent passer en souriant.

On se regarde le cœur battant, Pinan nous fait un clin d’œil. Ils nous offrent du thé et Pinan explique qu’il y a trois semaines, des gens venus de Bangkok, accompagnés d’un Blanc, ont emmené des filles contre paiement de trois cents dollars par tête -une fortune pour ces gens- assurant aux familles qu’elles auraient un travail comme employées de maison ou nounous à Bangkok. En fait, elles ont été envoyées dans des bordels ; les moins jolies ont travaillé comme esclaves dans des ateliers clandestins à coudre des vêtements de contrefaçon. Ils ont dit qu’ils reviendraient en prendre d’autres mais une des filles a réussi à s’échapper et à rentrer au village.

Elle a expliqué ce qu’elle avait subi et les habitants -ces paysans pauvres et sans instruction- étaient furieux et les attendaient de pied ferme.

Pour se faire pardonner de ce qu’ils ont considéré comme un manque d’hospitalité, une dame avec laquelle nous avions pas mal échangé m’offre un petit chapeau tissé à la main que l’enfant garde durant ses 3 premières années. Je l’ai toujours ! 

chapeau tissé à la main offert à Lionel Cieciura lors de son voyage dans le

J’ai lu dans certains journaux que les familles vendaient leurs enfants dans des bordels de Bangkok. J’étais troublé. La réalité est bien sûr plus complexe. On donne aux parents de l’argent en leur promettant un futur stable pour leurs enfants et ceux-ci leur enverront une partie de leurs revenus. Pourquoi refuseraient-ils ? On parle aussi beaucoup dans ces journaux de pédophilie. Pour moi qui adore les enfants, c’est une abomination et ces malades doivent être traqués sans pitié.

Toutefois, il faut savoir que les premiers consommateurs d’enfants en Asie sont les Asiatiques eux-mêmes qui pensent rajeunir par cette union. De plus il est toujours difficile de juger de l’âge d’un Asiatique, une fille de vingt ans peut facilement en paraître quinze voire moins, une aubaine pour des journalistes peu scrupuleux en mal de scoop.

Mais je ne minimise pas le problème car il existe, je l’ai constaté à plusieurs reprises. Les « crocodiles », c’est ainsi que les enfants nomment les pédophiles blancs, existent bel et bien et viennent laisser libre cours au vice pour lequel ils seraient condamnés en Occident.

Pinan m’expliquera qu’avec le nombre d’agences proposant des trekkings dans la jungle, une concurrence extrême s’est développée. Pour survivre, elles doivent se démarquer soit par des prix plus bas, soit en apportant quelque chose de différent. Certains ont choisi les trekkings sexuels où le client passe, à chaque étape, une nuit avec une Méo, une Lisu, une Hmong

De retour à Chiang Maï, nous nous reposons, nous faisons masser, profitons des restos et de la vie. Quelques semaines plus tard, Franck et moi nous séparons à Bangkok. Il rentre en France faute d’argent, ce fêtard invétéré a tout flambé ! Je continue vers le sud de la Thaïlande. 

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13Août/20
Torajas

Les Torajas : une cohabitation avec leurs morts

À la Rencontre des Torajas en Indonésie

Retirés dans les montagnes de l’île de Sulawesi en Indonésie, les Torajas, un groupe ethnique indigène pratique un étonnant rite funéraire. La mort ne les effraie pas. En attendant que les funérailles soient organisées, les familles gardent le cœur de leur défunt chez eux et s’occupe de lui comme s’il était un simple malade. Et c’est lors de mon voyage que j’ai pu assister à des funérailles spectaculaires.

Extrait du livre « Et si c’était mieux là-bas » ? de Lionel Cieciura

Torajas« Il faut encore huit heures de voyage éreintant en bus déglingué pour rejoindre Rantepao au centre de l’île. Nous sommes en pays toraja, l’autre ethnie importante de l’île. Les paysages sont d’une beauté à couper le souffle : des rizières alentours déclinent tous les tons de vert et au loin les montagnes recouvertes de jungle laissent apparaître leurs falaises.

Rantepao est une petite ville agréable ; partout il y a des arbres en fleurs, certaines sont rouges et grosses comme de petits ballons, d’autres, de longues cloches blanches, mesurent une trentaine de centimètres. Nous rencontrons Claire dans notre Losmen (petit hôtel bon marché), une Anglaise sympa qui se joint à nous. Elle est dentiste, à 28 ans et a quitté l’Angleterre il y a trois ans. Elle a travaillé comme dentiste et professeur à l’université au Cambodge, au Vietnam et en Nouvelle Zélande. Comme la plupart des filles qui voyagent seules, elle a un caractère bien trempé, elle possède aussi cet irrésistible humour british.

Il pleut souvent à Sulawesi, ce qui explique cette exubérance de la nature ici. Nous louons une voiture et visitons les alentours. Les rizières ont une particularité ici, un trou y a été aménagé afin de piéger les anguilles. Parfois, au milieu de la rizière s’élève une colline avec quelques maisons entourées de bambous géants, de bananiers et de cocotiers.

Les maisons torajas sont montées sur pilotis et font face à un grenier à riz qui est Torajasleur réplique en plus petit. Les murs en bois sont sculptés et peints. Ce qui les distingue, c’est la toiture en forme de corne de buffle dont les extrémités peuvent s’élever à une quinzaine de mètres. Elle est construite à l’aide de milliers de bambous entrecroisés qui lui assurent une étanchéité parfaite.

J’apprendrai, en les examinant de plus près, que l’on retrouve partout les mêmes symboles et les mêmes couleurs sculptés sur les murs : le cercle représente la terre, le triangle le soleil, le coq relie l’homme à l’un et à l’autre. On retrouve aussi le Katik, oiseau magique, et toujours le buffle. Un gros pilier soutient l’avant du toit devant la maison. Parfois, des dizaines de cornes de buffles y sont accrochées l’une au-dessus de l’autre, elles témoignent de l’importance de la famille.

Les villages comptent rarement plus de trois cents habitants, ils sont organisés en seigneuries dominées par les familles nobles. Les buffles sont l’objet de toutes les attentions ; c’est le seul endroit d’Asie où ils se prélassent dans la boue quand les paysans travaillent. Pour les Torajas, la mort fait partie de la vie : ils travailleront toute leur vie afin de posséder suffisamment de buffles qu’ils sacrifieront à leur mort. Ils prendront ainsi place parmi leurs ancêtres et protégeront leurs descendants. Sans funérailles appropriées, l’âme du défunt pourrait causer des troubles à la famille.

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Les Torajas ont été convertis au protestantisme par les pasteurs hollandais mais les traditions animistes restent profondément ancrées.

TorajasNous arrivons dans une vallée couverte de rizières et bordée de hautes falaises où sont placées des Tau-tau, petites effigies sculptées pour les castes supérieures et placées dans des niches creusées dans la falaise. Ainsi l’esprit des ancêtres continue de veiller sur le village.

Je reviendrai souvent ici. Quelques années plus tard, les statuettes auront été volées pour décorer les maisons de riches occidentaux ; elles furent remplacées par des copies, mais ces vols causèrent beaucoup d’émotion dans leur communauté : un ami torajas m’a confié plus tard que c’était comme si on lui avait enlevé son père une seconde fois ; c’est difficile à comprendre pour nous car leur conception de la vie et de la mort est complètement différente de la nôtre.

Des funérailles torajas auront lieu demain, c’est la partie la plus spectaculaire de leur culture. Nous arrivons dans le village où va se tenir le sacrifice. Des gens vêtus de sarongs noirs et de tee-shirts blancs forment un cercle, se tiennent les mains et entament un chant lancinant ; il s’agit plutôt de sons car ils font des HAAAA, HOOOO, HAAAA en sautant légèrement sur leurs talons ce qui produit un effet étrange. Je me rapproche des maisons et très vite on m’invite à y entrer. Ils sont accueillants et curieux. En buvant le thé, j’apprends que la personne dont on célèbre les funérailles est une femme qui fut aimée et respectée. Elle est morte il y a sept ans.

TorajasDurant tout ce temps, la famille a travaillé dur pour organiser ces funérailles. La dame a été momifiée grâce à des injections régulières de formol et est restée dans la maison sur une chaise.

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Cette pratique devient rare, je la rencontrerai encore une fois au cours de mes voyages. La défunte parée de ses plus beaux habits traditionnels et de ses bijoux trône dans un coin de la pièce, ils disent bien que cela ne sent pas très bon mais il importe de lui offrir des funérailles dignes de ce nom. Certains vendent des terres, se ruinent même pour acheter des buffles car plus il y en a, mieux l’esprit de la personne sera conduit vers l’au-delà (c’est aussi une question de prestige). Le gouvernement finira par imposer des quotas sur le nombre de buffles à sacrifier. Pour l’heure, il y en a soixante dont deux albinos -les plus chers-. Après le sacrifice, la viande sera répartie entre les convives : celui qui apporte un cochon recevra l’équivalent en viande ce qui entraîne toujours d’âpres négociations. Le reste sera vendu.

Après un rapide calcul, le prix de soixante buffles plus les taxes s’élève à plus de quarante mille dollars ! Le village, créé pour l’événement, est constitué d’une quinzaine de maisons en bambous à deux étages, disposées en cercle. Plus tard dans la journée viennent les sacrifices. Cochons d’abord. On les amène suspendus à des bambous transportés à dos d’homme. Ils sont posés à terre, les uns à côté des autres et assistent impuissants au massacre de leurs congénères en voyant le long poignard se rapprocher un peu plus chaque fois, puis viendront les buffles.”

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La totalité des ventes du livre est reversé à un projet humanitaire soutenu depuis des années par mon association Kayumanis.

 

15Juil/20
Le Dalaï Lama couverture

Rencontre avec le Dalaï Lama

Anecdote de voyage à Dharamsala en Inde

Extraite du livre “Et si c’était mieux là-bas?”

Dharamsala est une ville au nord de l’Inde ; parfois appelée la petite Lhassa car elle est la terre d’accueil du 14ème Dalaï Lama. Je l’ai rencontré lors d’un de mes passages.

« À Dharamsala, le chauffeur mettra plus d’une heure avant d’arriver à ouvrir son coffre déglingué et à nous rendre nos bagages… après cette nuit passée dans son bus cabossé, on a juste envie d’une douche et de se reposer. Une fois installés, nous buvons un thé et parlons avec le patron de l’hôtel, un Tibétain que nous connaissons bien pour avoir séjourné ici au cours de précédents passages. Il nous dit que le Dalaï lama donne une audience aujourd’hui. On y va. En chemin, on nous recommande d’acheter des Kataks (écharpes en satin ou en soie à offrir en guise de cadeau). Arrivés dans sa grande maison, nous laissons nos noms et numéros de passeport, passons une fouille sévère qui ne nous laisserait pas même un cure dent, abandonnons nos sacs et même nos montres.

Inde

Le Dalaï lama représente pour moi la bonté ; son visage rayonne de ce petit sourire humble et malicieux qui ne le quitte jamais. Il incarne la lutte non-violente pour le respect des droits de l’homme, pour le droit d’un peuple à vivre libre et en paix ; je le respecte infiniment pour cela. Au niveau religieux, par contre il ne signifie rien pour moi. C’est une autre histoire pour la masse de pèlerins tibétains présents ; ils sont intimidés, apeurés, ébahis ; ils n’en reviennent pas d’être là. Ils vont rencontrer l’incarnation de leur Dieu, l’être qu’ils vénèrent le plus au monde. Je les trouve touchants ; c’est sans doute le moment le plus important de leur vie.

Dans la file je commence à faire l’imbécile avec Sandrine en me moquant de la dégaine de certains (derrière leur dos, car je suis très lâche). Il y a deux Américaines déguisées en Tibétaines avec robe, tablier, chapelet : la panoplie complète, elles avancent mains jointes, le regard lointain. Non loin d’elles, une Française, chapelet et mains jointes également, perdue dans je ne sais quelles pensées également, perdue dans je ne sais quelles pensées mystiques. Il y a vraiment des cas ici !

Partout on retrouve ces attitudes vestimentaires à la Dupont et Dupond en mission secrète cherchant à se fondre dans la population mais tombant systématiquement dans le folklore. Les Américaines sont les championnes ; en Inde, elles portent le sari, au Maroc, le caftan et le foulard sans oublier les dessins au henné sur les mains. Bien sûr, il y a toujours des Européens prompts au carnaval mais ça reste l’apanage des Américains. Je me demande s’il ne s’agit pas d’un complexe dû à la manière dont leur gouvernement aime à s’imposer dans le monde. Nous leur avons même trouvé un nom : les « culture shock » en référence à cette expression qu’ils utilisent à tort et à travers (ils ont même un guide de voyage qui porte ce nom).

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Comme tout le monde, nous tenons notre Katak à la main pour l’offrir mais un garde du corps nous intime l’ordre de nous le mettre autour du cou et de ne plus l’enlever.

– Eh Sandrine, regarde celui avec sa peau de mouton sur le dos, il est pas beau lui, franchement ? C’est le carnaval de Rio ! Attend, attend, je ne l’avais pas vu celui-là derr…

– Attention, Monsieur le malin, ça va être à toi ! m’interrompt-elle en riant.

Je me retourne, tends machinalement la main… au moine qui se tient à côté du Dalaï LamaDalaï lama. Je le regarde et me dis « merde, c’est pas lui » je pivote légèrement ma main, le Dalaï lama la sert dans la sienne et me sourit.

Je me sens stupide, je lui rends un sourire qui me semble niais puis dois laisser la place au suivant, je ne l’ai vu que dix secondes (et encore, je me vante), je savais que ça allait vite mais quand même.

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On m’avait parlé de sa poignée de main ferme et de son regard direct, de l’aura qu’il dégage. Je n’ai rien senti de tout ça, il m’a fait un sourire chaleureux mais bon il salue quand même deux cent cinquante inconnus sur une matinée ! Beaucoup de Tibétains sortent en pleurs, les Américaines ont reçu la lumière.

Les gens qui changent de religion m’ont toujours amusé ; adopter une religion d’ici me semble vraiment saugrenu. Comme chez nous au Moyen Age, la religion n’est pas qu’un rituel, c’est un mode de vie ; tout le monde est croyant ici, la question de la foi ne se pose même pas. Elle est présente dans les arts, l’architecture, les contes pour enfants ou encore l’alimentation. Qu’un Occidental suive les principes philosophiques du Bouddhisme ou de l’Hindouisme, pourquoi pas mais qu’il s’habille comme les gens d’ici, fasse des offrandes au temple et prie avec ferveur des Dieux dont il a entendu parler la semaine dernière, ça tient du Grand Guignol.

Je considérais déjà la conversion au judaïsme comme une plaisanterie, une opération purement théorique : on suit la religion car on l’a étudiée mais ça s’arrête là ; qu’est-ce que le judaïsme sans en comprendre l’humour, sans connaître ces milliers de petites choses qui le composent ? Encore une fois, c’est une culture, ça ne s’apprend pas, ça se vit. Alors celui qui va deux fois en Inde et trouve sa voie, tant mieux pour lui mais moi, je ne peux pas m’en empêcher : je ricane. »

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07Juil/20
Cité Angkor

Angkor : Les cités des Nymphes célestes

Au Cambodge dans une petite ville du nom de Siem Reap se trouve les anciens vestiges d’une des capitales de l’Empire khmer : la cité d’”Angkor”. Un des paysages les plus extraordinaires et stupéfiants que j’ai eu l’occasion de voir.

Extrait du livre « Et si c’était mieux là-bas ? »

Vestiges cité Angkor« L’architecture est grandiose, la beauté des sculptures et des bas-reliefs rivalisent avec celles de nos plus belles cathédrales. Nous consacrons presque toute la journée à Angkor Vat, les bas-reliefs qui racontent guerres et conquêtes sont magnifiques ; les cours intérieures, l’escalade vertigineuse des marches abruptes et érodées des temples, les murs d’enceinte, tout est sculpté et raconte leur histoire.

Angkor Vat est construit suivant un plan rectangulaire d’à peu près un kilomètre et demi de côté ; Angkor Thom, qui l’entoure, est un carré deux fois plus grand. Le Bayon en est le centre exact avec ses seize tours carrées, chacune ornée de quatre visages de deux mètres de haut constitués de gros blocs de pierre. Les visages aux sourires énigmatiques fixent les quatre points cardinaux de leurs yeux d’aveugles. Certaines semblent sortir de la jungle, d’autres se détachent sur le ciel azur. Toutes ces tours dominent un labyrinthe de galeries obscures abritant des milliers de chauves-souris.

La moto permet de circuler facilement et rapidement entre les différents temples, le site s’étend sur plus de deux cents kilomètres carrés. Le lendemain matin, nous retournons au Bayon ; la lumière matinale fait ressortir les sculptures, le soleil levant anime les bas-reliefs.

Durant les deux années où je vivrai au Cambodge, j’y reviendrai plus d’une quinzaine de fois et le parcourrai du Nord au Sud et d’Est en Ouest. A chacun de mes passages l’émotion reste intacte ; je découvrirai sans cesse de nouveaux détails, de nouvelles beautés ; au gré de la lumière les bas-reliefs apparaissent sous un jour nouveau.

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Les Apsara, ces danseuses célestes, taillées dans la pierre semblent charnelles Moine cité Angkoravec leurs hanches pleines, leurs lèvres pulpeuses et leurs seins si ronds qu’ils appellent aux caresses. Une chose me surprenait : pourquoi ce peuple, si souriant avait sculpté ces magnifiques déesses avec un visage si grave ? Sur les deux mille cinq cents Apsaras recensées à Angkor, aucune ne sourit. Aucune sauf une, et je me souviens de mon émerveillement lorsque je l’ai découverte sous une pluie de mousson entouré de cette odeur puissante de terre et de végétation. L’eau l’avait rendue noire et luisante. Splendide.

Mais de tous les temples, c’est le Ta Phrom qui garde ma préférence ; englouti sous la jungle, des lianes sinueuses lèchent les murs, se coulent dans les fresques. Les immenses racines des fromagers à l’écorce argentée, ont déchaussé les blocs de pierre, faisant s’écrouler des murs. Partout, une végétation luxuriante étend ses bras, détruisant petit à petit ce qu’il a fallu des siècles pour construire. Dans ce temple où le silence n’est troublé que par le chant de quelques oiseaux tropicaux, j’aurai chaque fois le sentiment d’être un explorateur du début du siècle.

J’apprendrai que les archéologues de l’école française d’Extrême Orient n’ont jamais cherché à le restaurer : d’une part, la tâche aurait été titanesque car les racines des arbres pénètrent tout sur des centaines de mètres, étouffent les pierres sous leurs tentacules ; d’autre part ils ont voulu le garder comme un exemple de la domination de la jungle sur le temple : si on n’y prend garde, en moins de dix ans, la jungle engloutirait le site. »

D’autres anecdotes sur le Cambodge dans le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

Comme dans chaque temple, une nuée de gamins en guenilles courent à notre rencontre en riant pour nous vendre des boissons et des souvenirs. Ils sont beaux les enfants khmers.

Le Phrea Khan est un autre très beau temple, il baigne dans une étrange lumière glauque, presque irréelle, une lumière d’aquarium ; le silence de la forêt accentue encore cette impression étrange.

Nous voulons voir le Bantey Srei -l’un de plus beaux paraît-il. Le problème est qu’il se trouve à plus de dix-huit kilomètres et les pistes de sable qui y mènent sont peu sûres. Nous y allons le lendemain. 

[…]

statue cité AngkorSe trouver enfin devant ce site extraordinaire et si difficile d’accès me donne le sentiment d’être privilégié. En khmer, Bantey Srei signifie « la citadelle des femmes » il s’agit de trois sanctuaires magnifiquement sculptés. Ici, il faut payer une « taxe » d’entrée ; je présente la lettre et nos cartes aux militaires dépenaillés qui jouent aux dominos à l’entrée. Ils la regardent de longues minutes à l’envers, faisant semblant de lire avec attention, puis nous laissent entrer.

Le chef vient me trouver peu après pour une nouvelle tentative, il me demande d’abord des cigarettes, comme je n’en ai pas, il veut des dollars me dit qu’il est garant de ma sécurité et bla bla bla. Il conclut par un « donne-moi 20 $ » « écoute, si tu veux de l’argent tu en demandes au check point ». J’ai été ferme. Il y a quelques personnes mais ils sont plutôt à l’écart, Sandrine est près de la porte d’entrée à une vingtaine de mètres. Il regarde la crosse de son pistolet qui dépasse de son pantalon, puis me regarde, menaçant. « I don’t pay » dis-je décidé, j’avance et l’écarte de mon chemin. Il m’énerve ce con, qu’est-ce qu’il va faire ? Me tuer ?

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Ce temple en grès rose est une merveille et superbement conservé. D’innombrables niches abritent des statues d’une extraordinaire finesse, je n’avais encore jamais vu un tel souci du détail, c’est de la dentelle. Bantey Srei n’est pas aussi grand que les autres mais il est l’un des plus beaux. C’est ici que Malraux était venu faire ses « emplettes » à coup de burin.

Pendant les années qui suivirent, l’accès à ce temple fut de nombreuses fois fermé statue cité Angkorpuis rouvert. Cinq mois après notre passage il y eut de gros problèmes : les policiers de Siem Reap autorisaient les touristes à se rendre à Bantey Srei contre trente dollars par personne pour leur « protection », ils gagnaient ainsi pas mal d’argent.

Mais un jour, un minibus de touristes fut attaqué au lance-rocket, une Américaine perdu la vie, les autres furent gravement blessés. Il y eut de nombreux commentaires dans la presse : Sihanouk avait déclaré la route officiellement ouverte et ses opposants, pour le gêner, auraient fait sauter le minibus. On émit aussi l’idée que l’Américaine décédée était une experte en stratégie militaire en mission au Cambodge. On apprit le fin mot de l’affaire plus tard : il s’agissait juste d’une guerre entre policiers. Un policier gagne une vingtaine de dollars par mois, il est obligé de trouver des « trucs » comme la corruption, le vol ou le racket pour pouvoir vivre. Comme ceux de Bantey Srei ne gagnaient rien, ils firent sauter le minibus. Depuis, les flics de Siam Reap partagent et tout va bien, ils sont copains.

Le vol de statues et de bas-reliefs est rapidement devenu à la mode ; voler une pièce est grave mais pire encore est de casser ou scier des morceaux car c’est alors irrémédiablement perdu.

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Quand Malraux vint dérober des bas-reliefs, les temples étaient encore enfouis sous une jungle inextricable. Je ne lui cherche pas d’excuses, je replace les choses dans leur contexte. Il faut imaginer un temple dont on ne connaît même plus l’existence, perdu au milieu de centaines de kilomètres de jungle impénétrable ; cela paraît moins dramatique. Ce n’est plus pareil aujourd’hui. Les plus graves dommages sont causés par les paysans des environs qui pour le compte d’hommes d’affaires de Phnom Penh ou de Bangkok, cassent les bustes au burin, scient les têtes, pillent les temples pour quelques dollars. Cela ne peut se faire sans la complicité des gardes, des policiers et des douaniers.

Tout s’achète ici. C’est inacceptable mais l’hypocrisie du gouvernement me semble pire encore quand ils condamnent -à grand renfort de publicité- un paysan misérable qui cherche juste à survivre. Allez parler de conservation du patrimoine à quelqu’un dont la famille a à peine de quoi manger. Combien de fois ai-je vu des bas-reliefs, des têtes et bustes provenant d’Angkor, d’Inde, ou d’Indonésie chez des antiquaires en Europe ou aux Etats Unis ; et combien de fois me suis-je entendu dire « si ce n’est pas moi qui les vend, ce sera un autre ».

Nous finissons toujours la journée au sommet de la petite colline face au temple d’Angkor pour voir le soleil se coucher sur ses tours.

Nous irons aussi nous balader en pirogue sur le lac Tonle sap, au milieu des villages flottants de pêcheurs, des éleveurs de serpents et de crocodiles. Un soir où nous buvions un thé dans une de ces cabanes sur pilotis nous eûmes la chance d’assister à l’un des plus beaux spectacles dont la nature a le secret ; lorsque le soleil en se couchant, passe sous la barre de nuages, nous assistons -c’est très rare- à un « soir doré », c’est un phénomène qui n’existe que dans les régions de mousson, les couleurs deviennent rouges, violettes, jaunes, oranges ; l’air chargé de millions de gouttelettes se met à briller de l’intérieur, on se croirait dans un film féérique ; tous les Khmers sortent sur leur ponton pour assister au spectacle. »

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26Juin/20

Anecdote d’un voyage en Thaïlande ou la mode de la “Bonne action – belle image”

Anecdote d’un voyage en Thaïlande

Il y a une mode terriblement énervante : on se filme en faisant une « bonne action » puis on la poste sur les réseaux sociaux afin de montrer comme on est formidable ! Bon l’idée ne date pas d’hier, voici une petite aventure qui m’est arrivée dans la jungle thaïlandaise au début de mes voyages (la fin est assez amusante… elles devraient toujours finir comme ça !)

Nord de la Thaïlande 1989, extrait du livre « Et si c’était mieux là-bas ? »

« Après quelques heures de bus nous arrivons à Paï, une petite ville encaissée dans une jolie vallée. Le soir, Didier me présente Pot et Mong, les guides avec qui nous partons le lendemain. Yves et Josiane, un couple de Français, s’est inscrit entretemps. Elle est esthéticienne, lui employé.

            Après trois heures de marche nous nous arrêtons pour manger quelques bananes près d’une rivière, puis repartons pour encore trois heures fatigantes sous un soleil à peine tamisé par le feuillage des arbres. Accompagné des ronchonnements de Josiane qui peine. Nous arrivons enfin dans un village akhas. On est vraiment loin de tout. La coiffure des femmes est l’élément le plus impressionnant de leur magnifique costume, une sorte de casque orné de cercles d’argent, de pièces de monnaies de l’époque coloniale, de perles, de petits miroirs et de pompons colorés. Leurs robes noires courtes aux bords rouge et ambre sont assorties à leurs petits gilets.

Les maisons sont construites sur le même modèle : pilotis, murs de bambous tissés et toits en feuilles tressées. Elles sont propres, les déchets des repas tombent directement par les ajoures du plancher où poulets et cochons au ventre traînant par terre les font disparaître. C’est un beau village entouré de montagnes couvertes d’une jungle dense. Au cours de mon précédent trek, on trouvait partout des pancartes contre la déforestation, tant les arbres étaient clairsemés. C’était mon premier vrai contact avec la jungle et j’avais été impressionné mais là, je découvre autre chose : la jungle comme je l’imaginais, pleine de lianes et d’arbres géants, de bestioles et d’humidité, baignant dans une lumière tamisée.

Didier et moi jouons avec les enfants avant d’aller nous laver à la rivière. Dans la jungle, les toilettes sont rudimentaires mais bien organisées : on se met à l’abri d’un buisson avec une provision de cailloux et un bâton ; les cailloux pour éloigner les cochons qui veulent se précipiter sur leur pitance, le bâton, si on les a ratés.

            Après sa toilette, Josiane se remaquille, les femmes et les petites filles du village se rassemblent autour d’elle, émerveillées par ses produits. Une petite fille avance une main timide vers son mascara. « Ah non, je ne peux pas lui donner ça, c’est beaucoup trop cher ! » Toutes la regardent fascinées. Une jeune fille lui demande par gestes son bâton de rouge à lèvres, « enfin, Yves, dis-leur, quoi ! Un rouge à lèvres, c’est comme une culotte, ça ne se prête pas ! » Yves est le type même du mari soumis. Gêné, il se dandine, trouvant un intérêt subit à sa montre.

    Pot nous prépare un repas de roi avec du riz brun, du poulet, des légumes et des ananas. Le repas fini, nous discutons autour de l’âtre situé au centre de la pièce, quand un vieil homme au visage buriné dont l’unique chicot luit à la lumière des braises, nous amène une petite fille qui a une infection à la fesse. Je sors ma trousse mais alors que le vieux s’adresse à moi, Josiane déclare en farfouillant frénétiquement dans son sac qu’elle va s’en occuper. Madame joue donc à Médecin sans frontières en désinfectant la petite « mais enfin Yves, qu’est-ce que tu fabriques, prends des photos, quoi ! » « Mais non, pas comme ça, enfin ! » – elle abandonne la fillette pour régler le flash « voilà, tu me prends hein, minou ? » « Non, pas si près, recule… ».

Plus tard dans la soirée, une dame que j’avais aidée à piler du riz -avec maladresse mais bonne volonté– me montre ses plants de pavots. Les fleurs ont perdu leurs pétales, il ne reste qu’une boule verte au sommet de la tige. À l’aide d’une petite griffe à trois lames elle incise plusieurs fois la capsule de haut en bas faisant perler un liquide blanc. Elle récoltera le lendemain cette sève devenue noire au contact de l’air. L’opium sera alors propre à la consommation.

Elle sort un morceau d’opium de sa poche, je découvre une pâte noire et compacte dont elle arrache un petit morceau. Il se détache comme un vieux chewing gum : élastique mais cassant net. L’odeur est végétale, le goût amer. Elle m’invite à en fumer ; je me couche en chien de fusil, la tête sur un coussin. Le goût est sucré, légèrement acidulé. Je prends trois pipes, je ne connais pas et préfère y aller doucement. Je n’ai pas senti grand-chose, une certaine décontraction peut-être.

            Le lendemain, Didier et moi nous amusons avec le petit singe apprivoisé de nos hôtes, Josiane nous le prend d’autorité et le met sur son épaule, le temps que Minou fasse une photo. Nous sommes face à la rivière à fumer un joint (bien qu’elle nous ait dit que c’était mauvais pour la santé).

– Regarde Didier, le singe lui pisse dans le dos. Je me retiens de rire. « Mais qu’est-ce qu’il fait le Doudou, ça me colle tout partout dans le dos » ; le singe monte sur sa tête et finit de se soulager dans ses cheveux crêpés, l’urine lui dégouline sur le visage. On éclate de rire. Les enfants et les adultes se joignent à nous et l’hilarité est générale. Madame n’a pas aimé, elle nous traite de petits cons. Elle ne nous parlera plus pendant les trois derniers jours. »

 

Ça vous a plus ? Voulez-vous en savoir plus ? Retrouvez mon livre « Et si c’était mieux là-bas ? ».

La totalité des ventes du livre est reversé à mon association Kayumanis, œuvrant pour développer le travail en Indonésie.

09Avr/19

5 destinations de rêve en Asie

L‘Asie est un continent vaste qui regorge de destinations toutes aussi différentes qu’uniques. Vous pourrez y découvrir des paysages magnifiques et des lieux somptueux, que vous n’avez encore jamais vu (enfin pour l’instant..).

En effet, si vous souhaitez partir en voyage en Asie, vous avez le choix ! Entre les pays d’Asie centrale, d’Asie du Sud, … on se sent parfois un peu perdu, et faire un choix peut être moins facile que ce que vous pensez.
C’est pourquoi je vous ai sélectionné 5 pays d’Asie, aux paysages à couper le souffle: l’Indonésie, l’Inde, la Birmanie, le Cambodge et enfin le Népal.
Certains de ces pays sont moins connus que d’autres pour voyager ; vous allez être surpris de découvrir tout ce qui s’y cache… J’espère que vous allez apprécier cet article, et qu’il va vous aider dans votre recherche de destination parfaite pour votre voyage.

  1. Indonésie
  2. Inde
  3. Birmanie
  4. Cambodge
  5. Népal

Bonne lecture !

Indonésie : les îles de l’Asie du Sud-ouest

Destinations : Indonésie 

Avec plus de 13 000 îles, l’Indonésie est un territoire vaste qui propose des paysages divers : volcans, rizières, forêts, montagnes, … Il existe aussi de nombreux parcs nationaux comme celui de la Baie de Canderawasih.

 

Destinations : Indonésie

Inde : des paysages variés de l’Asie du Sud

Destinations : Birmanie

Cascades, fleuves, montagnes, plantations de thé, … L’Inde est un pays plein de ressources ! Le pays est aussi connu pour ses constructions incroyables et majestueuses.

Destinations : Birmanie

Birmanie : les pagodes de l’Asie du Sud-est

Destinations : Birmanie

La Birmanie est le pays le plus vaste d’Asie du Sud-est. Vous y trouverez la splendide pagode de Shwedagon ainsi que d’incroyables paysages et des sites naturels ou bouddhistes.

Destinations : Birmanie

Cambodge : le pays du sourire de l’Asie du Sud-est

Destinations : Cambodge

Phnom-Penh, la capitale du Cambodge, regorge de chauffeurs de tuk-tuk ! Vous pourrez aussi voir d’anciens temples et des paysages à couper le souffle, des parcs, des plages, et de la bonne nourriture.

Destinations : Cambodge

Népal : des paysages himalayens de l’Asie du Sud

Serpent au Népal voyager en Asie

C’est la destination idéale pour les randonneurs ! Vous pourrez explorer les trésors de la chaîne himalayenne. On y voit aussi des lacs turquoises, et pleins de petits villages.

Destinations : Népal

Pour découvrir davantage de destinations en Asie, lisez mes anecdotes de voyages :

 

06Sep/17
Laos paysage

Histoire secrète du Laos

Le Laos est un pays magnifique, les habitants d’une douceur et d’une gentillesse sans pareil en Asie, mais peu connaissent son histoire tant il est vrai qu’on la surnomme « l’histoire secrète » ; d’une part car elle avait de bonnes raisons de l’être, d’autre part car elle reste encore aujourd’hui très embarrassante. En voici les grandes lignes (extraites de mon livre):

En 1962, alors qu’une occupation communiste se dessinait au Laos, Kennedy émit l’idée d’une intervention. Une conférence internationale se tint à Genève et les pays participants signèrent un accord selon 

lequel le Laos resterait neutre. Pourtant jamais pays n’aura autant mérité le surnom « d’échiquier » : au plus grand mépris de l’accord signé, les Etats-Unis, le Nord Vietnam et la Chine posèrent, déplacèrent et y firent sauter leurs pions. Comme toute présence militaire y était interdite, la CIA -dans la plus importante opération paramilitaire jamais entreprise- entraîna et équipa une armée clandestine constituée d’ethnies des montagnes, principalement Hmongs.

         Supportée par des officiers de l’armée de l’air qui opéraient sous couverture civile, la CIA créa « Air America » une compagnie aérienne « civile ». De 1964 à 1973, il y eut au Laos l’un des plus gros trafics aériens au monde. Plus de cinq cent quatre-vingt mille vols meurtriers furent effectués : un bombardement toutes les huit minutes pendant neuf ans dans le plus grand secret.

Sur le chemin du retour, les avions revenaient les soutes pleines d’opium. Avec l’accord plus ou moins tacite de la CIA…

        

Pointe d’une “Daisy cutter”

Aujourd’hui encore, dix personnes meurent tous les mois au Laos victimes des bombes et mines restées sur place. D’autres sont horriblement blessées par ces mêmes mines ou par les Daisy-Cutters. Ce sont des bombes pas plus grosses qu’une balle de tennis qui envoient 250 pointes métalliques dans toutes les directions.

         La guerre prenait fin au Vietnam mais elle faisait rage au Laos. Les Américains, avec l’énergie du désespoir, déversaient sur le Laos, bombes, mines et agents oranges. Il y eut plus de bombes larguées sur le Laos que durant toute la Seconde Guerre mondiale. Comme le Laos devait, rester neutre, les bombardements sur ce pays n’étaient jamais mentionnés par les porte-parole de l’armée US. L’opinion internationale, attentive à ce qui se passait au Vietnam n’a pour ainsi dire jamais été informée de ce qui se déroulait dans l’ancien pays au « million d’éléphants ».

En 1995, je sympathisai avec Vilaphon, un adolescent originaire du

Ancienne bombe transformée en pot de fleur

centre du pays. Dès l’âge de huit ans, il commença à fouiller la terre avec ses mains. Il souhaitait pour récupérer les UXO (unexploded objects), bombes n’ayant pas explosé pour les revendre au prix du métal. À 14 ans, il parlait déjà anglais et français. Il faisait travailler une dizaine de gamins de huit à dix ans qu’il payait pour creuser à sa place. Des charrettes tirées par des bœufs emportèrent les bombes encore terreuses. Puis, des négociants chinois de la capitale les récupèrent. Un gamin génial… je suis sûr qu’il est très riche aujourd’hui !

Cet article est extrait de mon livre. L’histoire vous à plu ou intéressée ? Retrouvez-la, et bien d’autre dans “Et si c’était mieux là-bas” sur mon site : www.conseils-de-voyages.com