Donner et recevoir

FAIRE DES CADEAUX

Savoir à qui donner, quand et combien est une question difficile et il m’a fallu quinze années de voyage pour commencer à penser savoir faire la part des choses. Lire anecdote en Inde (extrait inédit)

Donner et échanger entre culturesPour commencer, garder à l’esprit que quoi que vous fassiez, vous ne pourrez nourrir toute l’Asie, l’Amérique du sud ou l’Afrique. Il vaut mieux parfois aider convenablement une personne ou une famille que donner quelques piécettes à beaucoup d’enfants. Établissez un contact, essayez de voir ce dont ils ont le plus besoin (médicaments, couvertures, cahiers pour l’école, un sourire…).

La générosité est la plus belle des qualités. En plus d’aider ou de faire plaisir, faire un cadeau crée des liens et vous fera du bien à vous-même ! Mais attention, ne faites pas n’importe quoi, n’importe comment : distribuer des bics ou des échantillons de parfum à tout le monde sans distinction n’a pas de sens sauf à se donner bonne conscience. Encore et toujours, prenez le temps de discuter avec les gens, de les comprendre, ne les transformez pas des mendiants. Donner peut parfois mettre votre hôte mal à l’aise. A vous de sentir les choses ; la solution dans ce cas peut-être de donner à ses enfants ou à lui “pour ses enfants”.

Evadez-vous en lisant le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

Sachez que si vous donnez du matériel scolaire à l’instituteur ou des médicaments au médecin d’un village perdu, il y a toutes les chances qu’ils les gardent et les revendent. C’est triste, mais c’est comme ça. Si cela vous choque, demandez vous ce que vous feriez à sa place : médecin au fin fond d’un bled perdu et ne gagnant pas suffisamment pour nourrir votre famille ?

Il peut être difficile de refuser quelques pièces à des enfants ou des mendiants, mais pensez qu’en donnant à un enfant, vous le maintenez dans la rue, pourquoi irait-il à l’école ou aiderait ses parents aux champs si les touristes lui rapportent dix fois plus. Vous ne lui rendez pas service. Un jour au Laos, après avoir dispersé des gamins qui nous tournaient autour, un vieux monsieur me dit sur un ton d’excuse et dans un excellent français- « les touristes ne se rendent pas compte des mauvaises habitudes qu’ils donnent aux enfants en leur distribuant de l’argent qu’ils n’ont pas gagné en travaillant, maintenant certains préfèrent manquer l’école pour mendier auprès des touristes ».

Il est souvent difficile de faire la part des choses, toutefois, comme les systèmes de retraites et de sécurité sociale n’existent pas encore dans les pays en voie de développement, en donnant à des personnes âgées ou à des handicapés, vous vous trompez rarement.

Les bonbons

Beaucoup d’enfants, surtout dans des zones touristiques, demandent des bonbons… quel enfant n’aime pas ça ? Et pour nous c’est l’occasion de créer un contact ; mais pensez au nombre de gens qui donnent des bonbons et sachez que dans des zones retirées comme la montagne, il n’y a pas de dentiste. Sur le fameux « tour des Anapurna », les caries sont devenues un véritable fléau pour les enfants, la source de toutes les  peines, de toutes les douleurs… et j’y ai participé, par ignorance.

Les médicaments

S’il est une chose dont vous pouvez vous charger en plus c’est de médicaments ; sans être médecin, vous pourrez soigner nombre d’affections en chemin, surtout dans les zones reculées de montagnes ou de jungles ; les gens qui viendront à vous habitent souvent à plusieurs jours de marche du premier dispensaire et ont rarement les moyens de s’y rendre, encore moins d’acheter des médicaments ou de payer le médecin. Ils ont sans doute déjà vu un Chaman et comme ça n’a rien donné, il viennent vous voir. Vous pourrez faire des miracles avec peu de choses. Lire anecdote au Népal ?

Je n’aime pas beaucoup, mais qui peut prendre tout son sens : « charité bien ordonnée commence par soi-même »… eh oui, je ne l’aime pas, mais si vous videz votre trousse à pharmacie et que vous vous blessez ou tombez malade, vous ne pourrez compter que sur le Chaman local. Et là, bonne chance ! 

Quand vous soignez, comme lorsque vous donnez, faites le pour eux, pas pour vous ; évitez de prendre des photos, pour montrer à votre retour combien vous êtes formidable !
Il m’est arrivé de rencontrer ces comportements pitoyables, notamment en Thaïlande… mais la nature s’est vengée : Lire anecdote en Thaïlande ?

Enfin, j’ajoute ce petit texte ; comme beaucoup de routards, je suis moi aussi passé par là ; j’ai fait de mauvais choix, j’ai mal jugé… je met cela sur le compte de l’inexpérience, du fait de vivre dans des pays où vous êtes sans arrêt sollicités… bref, je trouve cette petite histoire intéressante:

Une Dame demande : « Combien vendez-vous vos oeufs ? »
– 0.50 € l’oeuf, madame.
– J’en prend 6 pour 2.50 € ou je pars ».
Le vieux vendeur répond : « Achetez-les au prix que vous souhaitez, peut-être que c’est un bon début pour moi parce que je n’ai encore rien vendu aujourd’hui et j’ai besoin de ça pour vivre “.

Elle lui achète ses oeufs au prix marchandé et part avec la sensation d’avoir gagné.

Elle entre ensuite dans sa belle voiture et va dans un restaurant élégant avec son amie. Elles commandent un bon repas, mangent un peu et laissent beaucoup.

Elles payent une addition de 200€ et un généreux pourboire de 50€…

La question se pose :

Pourquoi avons-nous besoin de montrer que nous avons le pouvoir quand nous achetons à des nécessiteux ? Et pourquoi sommes-nous généreux avec ceux qui ne sont pas dans le besoin ?

Une fois j’ai lu quelque part :

“Mon père avait l’habitude d’acheter des biens à des pauvres à des prix élevés, même s’il n’avait besoin de rien. Parfois, il les payait plus cher. Je lui ai demandé pourquoi il faisait cela. Mon père répondit : “C’est une charité enveloppée dans la dignité, mon fils”.

Continuez le voyage en lisant “Et si c’était mieux là-bas ?”