À 100 km de la frontière du Pakistant en Inde, se trouve une ville du Rajasthan nommée Jaisalmer. Accompagné de mon ami, nous allons nous aventurer à dos de dromadaire dans le désert de Jaisalmer sur plusieurs centaines de kilomètres.
Extrait du livre « Et si c’était mieux là-bas » ?
A Jaisalmer, la grande attraction est le « camel safari », je ne suis jamais monté sur un dromadaire et connais mal le désert, ça fait deux bonnes raisons d’y aller. Il y fait plus de 40°. Nous partons pour quelques jours. Nous achetons de superbes turbans colorés, un peu pour nous protéger, un peu pour la frime.
Ibrahim, notre guide parle un anglais rudimentaire mais compréhensible, c’est un grand musulman au visage buriné, Sandeep, son assistant, est un petit hindou toujours souriant. Tous deux sont sympathiques et sentent comme leurs bestiaux.
Nous chargeons les dromadaires avec nos affaires, la nourriture, les gamelles, les couvertures sans oublier les sacs de grains pour les bêtes.
C’est donc à plus de deux mètres du sol que nous découvrons le désert. Il s’étend à perte de vue, court à l’infini. Je mets mon walkman ; « groove is in your heard » du groupe Dee lite, retentit… Écouter cette musique qui passe dans toutes les boîtes de nuits des capitales occidentales, ici, au milieu de nulle part est complètement surréaliste. L’impression d’immensité est fantastique.
A la fin de la journée, quand les ombres s’allongent et que la lumière se fait ambrée, nous nous asseyons sur une dune, le regard perdu dans le soleil couchant. Le silence du désert a quelque chose d’irréel, pas un moteur, un animal, un oiseau ni même un insecte pour le troubler. Il peut même devenir oppressant. Nous rejoignons nos guides autour du feu pour manger et discuter. On se régale de samossas, de riz, de lentilles et de chapatis. Nous faisons tourner un joint, « thank you perry much my priend, is perry good medicine » déclare Ibrahim en dodelinant de la tête, le pétard en l’air. »
Les nuits sont froides, le turban devient alors une écharpe. Nous nous allongeons sur une couverture qui sent le chameau et en jetons une autre sur nous. Le ciel est magnifique.
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Nous nous réveillons avec le soleil. Nos guides s’affairent déjà autour du feu et préparent des beignets et du tchaï. Ils proposent d’aller chercher de l’opium « perry good medecine, my priend, perry good ». Nous acceptons. Nous nous écartons de la route prévue pour rejoindre des villages perdus, coupés du monde.
Les maisons sont en pisé ocre, décorées de dessins au henné. Les hommes, habillés de blanc, ont des turbans de couleur vive et les saris colorés des femmes tranchent sur l’ocre du désert. Après avoir visité plusieurs villages nous trouvons ce qu’il faut et regagnons la piste. Il y a peu d’eau par ici, nous remplissons nos gourdes d’eau fraîche aux rares puits que nous rencontrons.
Trois jours après, nous ne supportons plus la bosse râpeuse du dromadaire, son lent balancement et le bruit qu’il fait quand il blatère en sortant sa grosse langue dans un bruit de chasse d’eau. J’ai mal partout. Je saute à terre et, tel Laurence d’Arabie, fièrement enturbanné, je marche en tirant mon chameau. Franck me rejoint. Nos guides ne comprennent pas pourquoi nous marchons côte à côte en discutant alors que nous payons pour une balade en dromadaire.
Le soir, nous discutons autour du feu, le même sujet revient fréquemment : les femmes. Ils veulent tout savoir des Européennes. De mon côté, je leur dis que je trouve les Indiennes très belles mais plutôt farouches. Sandeep -qui a le cœur sur la main- me dit qu’il a un âne. A mon air dégoûté, il se rattrape en disant que « les ânes et les dromadaires, c’est plutôt les enfants qui font ça, pas les adultes, bien sûr »… Bien sûr ! Ibrahim me dit que si je veux Sandeep pour ce soir, il n’y a pas de problème. Je préfère changer de sujet.
De retour, nous nous baladons dans le fort où nous connaissons maintenant plusieurs familles ; nous sommes invités ici et là pour prendre un tchaï. Nous prenons une boulette d’opium pour le coucher du soleil ; une sensation de paix nous gagne, l’esprit est clair et le corps merveilleusement détendu. Je suis léger, heureux, je regarde avec un grand sourire idiot les vendeurs me proposer leurs camelotes… »
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La totalité des ventes du livre est reversée à un projet humanitaire mon association Kayumanis.