Anecdote de voyage en Inde : En route vers Dharamsala (Sinora)

Récit de voyage en Inde

Extrait du livre “Et si c’était mieux là-bas?”

“Nous continuons vers Dharamsala. Je me mets au boulot, Simon et Ketty qui prennent leur temps pour tout, rigolent et me traitent de « bloody businessman ». Je n’ai que peu de temps et dois cavaler si je veux mener mon projet à bien.
Je rencontre Jamcho-la qui fait partie de la Tibetan Women’s Association. Cette femme énergique m’aiguille vers la sœur du Dalaï lama qui a créé le TCV (village des enfants tibétains). C’est grand et d’une architecture agréable ; des enfants y courent dans tous les sens ; il est facile de repérer les nouveaux arrivants : ils ont l’air moins « civilisé », leur sourire est triste mais surtout on lit la crainte dans leurs yeux. Leurs parents ont pour la plupart été tués par les Chinois. Pour arriver ici, ils ont dû franchir, avec l’aide de passeurs, des sommets à faire pâlir un alpiniste chevronné.

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Jetsun Pema, la sœur du Dalaï Lama a une personnalité bien trempée, elle m’explique précisément ce que je voulais savoir autour d’une tasse de thé. J’apprends accessoirement qu’elle est le Premier ministre du gouvernement tibétain en exil. Grâce à ses conseils, je trouve ce qu’il me faut : le Tibétain Freedom Office. On peut y sponsoriser des enfants pour leur permettre d’avoir des vêtements, de la nourriture et surtout accès à l’enseignement. Je peux disposer des adresses personnelles des enfants ce qui me permettra un certain contrôle. J’en prends vingt ; je leur trouverai des parrains et des marraines, moi en premier.

Le soir au restaurant, Simon remarque une really beautiful girl. Je regarde discrètement; c’est le moins qu’on puisse dire, elle est magnifique! D’ailleurs je ne vois plus qu’elle car en plus d’être belle, elle a une vraie présence. Je ne vais pas laisser passer l’occasion. Simon, engoncé dans son éducation britannique, s’étonne parfois de mes manières décontractées avec les filles.

– Simon, tu vas assister à un truc incroyable : il y a peut-être deux ou trois mecs au monde capable de faire ce que tu vas voir. Je me lève et vais la voir avec mon sourire N°4 (le fameux). Deux minutes plus tard elle est à notre table. Elle est née à Bombay d’une famille juive indienne, ses parents ont émigré en Israël alors qu’elle avait deux ans. Après une heure, je laisse Simon et l’emmène finir la soirée au « cinéma ». Nous prenons place sur des bancs de bois face une vieille télé qui passe en vidéo un documentaire de la BBC sur le Tibet avec quelques extraits d’époque réalisés par les Chinois. Une propagande communiste de base où les ouvriers, débordant de joie, travaillent dans de magnifiques usines et où les fermiers, bien habillés, labourent les champs, le visage resplendissant de bonheur. Les fleurs de cerisiers en premier plan et autres clichés faciles qui firent rêver tant d’idéalistes et qui paraissent aujourd’hui si naïfs, maintenant qu’on en sait plus sur les paradis socialistes.

Malheureusement, la belle Sinora part demain vers Manali et nous en trekking. Je lui propose de venir me voir à mon hôtel à Delhi dans une semaine. Ça va être long. Départ à l’aube, je me rends vite compte que mes amis anglais n’ont jamais marché de leur vie; ils m’avaient prévenu et comptaient sur mon expérience. Après quelques heures, nous arrivons à Triund. L’endroit est magnifique. Nous plantons les tentes sur un sommet herbeux à 3000m entouré de pics enneigés et d’une vallée profonde. J’allume un feu, je n’ai pas eu le temps de m’occuper de la nourriture –absorbé que j’étais à faire le joli cœur- et je sais que ce n’est pas facile d’évaluer les besoins et les quantités. Simon me montre, l’air penaud, les provisions : à part quelques biscuits et du chocolat à l’orange, on n’a pas grand chose à se mettre sous la dent. Enfin, je n’avais qu’à être là. La nuit tombe et avec elle le froid se fait mordant. Malgré nos doudounes nous nous resserrons autour du feu. Devant nous, un spectacle exceptionnel : la magnifique lueur bleutée de la pleine lune baigne les sommets enneigés de l’Himalaya. Simon a mis une cassette de musique classique dans son magnéto, l’ambiance est agréable. Moi, je pense à Sinora. Ketty me dit « Lionel you don’t say anything, are you in love ? »(1)

D’autres surprenantes anecdotes vécues en Inde dans le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

Bien vu, l’Angliche !
Le matin, nous partons vers un autre sommet. Nous rentrons le soir fatigué mais émerveillé par les paysages traversés. Une famille de paysans vit non loin d’ici, ils nous donnent de l’eau et nous préparent un Dal bath (du riz et des lentilles)
J’aime me retrouver en pleine nature, les variétés d’arbres sont infinies, l’air est pur, il y a d’innombrables oiseaux, des singes, des aigles immenses et… je pense à Sinora. Le lendemain aurait dû être une journée tranquille de trois heures mais nous nous sommes perdus et en avons mis sept, en passant par des endroits impossibles pour arriver finalement épuisés à Dharamsala.
Après une douche et un bon repas, nous trinquons à nos adieux.

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