Le Laos est un pays magnifique, les habitants d’une douceur et d’une gentillesse sans pareil en Asie, mais peu connaissent son histoire tant il est vrai qu’on la surnomme « l’histoire secrète » ; d’une part car elle avait de bonnes raisons de l’être, d’autre part car elle reste encore aujourd’hui très embarrassante. En voici les grandes lignes (extraites de mon livre):
En 1962, alors qu’une occupation communiste se dessinait au Laos, Kennedy émit l’idée d’une intervention. Une conférence internationale se tint à Genève et les pays participants signèrent un accord selon
lequel le Laos resterait neutre. Pourtant jamais pays n’aura autant mérité le surnom « d’échiquier » : au plus grand mépris de l’accord signé, les Etats-Unis, le Nord Vietnam et la Chine posèrent, déplacèrent et y firent sauter leurs pions. Comme toute présence militaire y était interdite, la CIA -dans la plus importante opération paramilitaire jamais entreprise- entraîna et équipa une armée clandestine constituée d’ethnies des montagnes, principalement Hmongs.
Supportée par des officiers de l’armée de l’air qui opéraient sous couverture civile, la CIA créa « Air America » une compagnie aérienne « civile ». De 1964 à 1973, il y eut au Laos l’un des plus gros trafics aériens au monde. Plus de cinq cent quatre-vingt mille vols meurtriers furent effectués : un bombardement toutes les huit minutes pendant neuf ans dans le plus grand secret.
Sur le chemin du retour, les avions revenaient les soutes pleines d’opium. Avec l’accord plus ou moins tacite de la CIA…
Pointe d’une “Daisy cutter”
Aujourd’hui encore, dix personnes meurent tous les mois au Laos victimes des bombes et mines restées sur place. D’autres sont horriblement blessées par ces mêmes mines ou par les Daisy-Cutters. Ce sont des bombes pas plus grosses qu’une balle de tennis qui envoient 250 pointes métalliques dans toutes les directions.
La guerre prenait fin au Vietnam mais elle faisait rage au Laos. Les Américains, avec l’énergie du désespoir, déversaient sur le Laos, bombes, mines et agents oranges. Il y eut plus de bombes larguées sur le Laos que durant toute la Seconde Guerre mondiale. Comme le Laos devait, rester neutre, les bombardements sur ce pays n’étaient jamais mentionnés par les porte-parole de l’armée US. L’opinion internationale, attentive à ce qui se passait au Vietnam n’a pour ainsi dire jamais été informée de ce qui se déroulait dans l’ancien pays au « million d’éléphants ».
En 1995, je sympathisai avec Vilaphon, un adolescent originaire du

Ancienne bombe transformée en pot de fleur
centre du pays. Dès l’âge de huit ans, il commença à fouiller la terre avec ses mains. Il souhaitait pour récupérer les UXO (unexploded objects), bombes n’ayant pas explosé pour les revendre au prix du métal. À 14 ans, il parlait déjà anglais et français. Il faisait travailler une dizaine de gamins de huit à dix ans qu’il payait pour creuser à sa place. Des charrettes tirées par des bœufs emportèrent les bombes encore terreuses. Puis, des négociants chinois de la capitale les récupèrent. Un gamin génial… je suis sûr qu’il est très riche aujourd’hui !
Cet article est extrait de mon livre. L’histoire vous à plu ou intéressée ? Retrouvez-la, et bien d’autre dans “Et si c’était mieux là-bas” sur mon site : www.conseils-de-voyages.com