15Mar/23

Aumont Aubrac – les Quatre Chemins – Nasbinal – St Chély d’Aubrac

Nous avons quelques jours de libre et comme nous habitons Toulouse, il est facile de reprendre le chemin où nous l’avions laissé la dernière fois.

Nous nous sommes équipés de nouvelles chaussures. En effet mes chaussures de montagne ne sont pas adaptées à ces chemins plats et tranquilles. Il me faut quelque chose de plus souple et léger, j’ai donc laissé mes Salomon pour des Scarpa achetées après de longs essayages au Vieux Campeur. Isa a opté pour des North Face de trail, légères et confortables.

Nous arrivons à Aumont Aubrac par un petit train.

Pour notre premier jour de marche, nous ne sommes pas vraiment gâtés par les paysages, les fortes chaleurs de cet été ont tout brûlé. L’herbe est jaune, pas une seule fleur.

Nous arrivons fatigués après seulement quatre heures de marche… il va falloir reprendre le rythme !

Une douche nous remet d’aplomb et nous nous installons à l’ombre pour discuter et nous étirer.

Le soir, nous sommes une douzaine au gîte et conversons agréablement autour d’un bon repas. Même si j’ai bu durant la journée, je vide un litre et demi d’eau fraiche presque d’un coup.

La dame du gîte vient s’asseoir avec nous, on parle un peu d’elle, de son parcours, du nôtre et puis elle a cette réflexion que je trouve intéressante : « Sur le chemin, les gens sont plus solidaires que sur les autres chemins de randonnées, il y a plus de bienveillance qu’ailleurs ». La tablée acquiesce.

Moi, je n’ai pas remarqué cela et lui demande où elle a déjà marché : « Nulle part, je ne suis pas vraiment une marcheuse » me répond-elle !  Elle n’a même pas fait le Chemin (juste une portion de quatre jours).

En fait, elle ânonne ce qu’elle a entendu ici ou là…

Je trouve qu’il y a de nombreux clichés sur ce Chemin. Beaucoup n’ont jamais fait de randonnées et trouvent formidable cette solidarité entres marcheurs. Mais elle existe partout en montagne et pour une raison simple. Nous sommes tous « frères et sœurs dans l’effort, dans la souffrance et puis aussi dans l’admiration de la beauté et dans le bonheur d’être arrivé ».

Nous partageons en général des valeurs communes. Lorsqu’on arrive dans un refuge, on se sert dans le stock de bois pour faire du feu mais ensuite on le reconstitue afin que le suivant puisse en profiter. On ne le connait pas, on ne l’a jamais vu et on ne le verra sans doute jamais. Mais on le fait, car ça fait partie des valeurs de solidarité que l’on retrouve en montagne. Plusieurs fois j’ai pris sur une portion de chemin le sac d’une personne en difficulté, je lui ai donné de l’eau ou j’ai partagé une barre de céréale. L’inverse s’est toujours vérifié aussi bien sûr !

Nous partons assez tôt ce matin car on annonce de grosses chaleurs.

Nous attaquons le plateau de l’Aubrac. Un haut plateau ouvert, ondulé, ponctué de blocs granitiques et de troupeaux, de lacs bordés de murets où le regard se perd à l’horizon…

Une nature rustique, brute et sauvage balayée par les vents. D’ailleurs, le vent est tellement fort aujourd’hui que nous devons marcher arc-bouté, nous devons crier pour nous comprendre et bien sûr il souffle de face !

Il n’y a pas d’ombre sur le plateau et le soleil tape dur. On ne le sent pas, mais il faut se protéger.

Nous arrivons fatigués mais heureux de notre journée.

Nasbinals est une jolie petite bourgade mais un trail annuel s’y déroule et tout était plein à l’exception du camping municipal. Le vent était déjà costaud lorsqu’on a monté la tente mais la nuit, une tempête s’est levée et nous n’avons quasiment pas fermé l’œil !

Pour sa première nuit en camping, Isa fut servie… vivement un bivouac 😉 !

Nous finissons à Saint-Chely d’Aubrac où Isa avait réservé une roulotte le long de la rivière dans un gîte. Malgré le lieu enchanteur, je ne me sens pas très bien. Je dors mal et me sens faible. Je ne le sais pas encore mais je rentre avec la Covid !

Je suis passé au travers durant toute la période critique et je l’attrape en pleine nature !

16Fév/23

Saugues – St Alban – Les Estrets – Aumont Aubrac

Le jour suivant, nous arrivons après 4h de marche à Faux, on est presque surpris !

Normalement, ce sont les trois premiers jours qui sont difficiles mais là, une étape courte, ça fait du bien, car enchaîner de longues journées n’est pas si simple. Outre les douleurs musculaires et tendineuses, la fatigue s’accumule. Nous ne portons qu’un sac avec le minimum nécessaire, l’autre est transporté par une navette. Si on m’avait dit que je ne porterais pas mon sac lorsque j’avais 25 ans et que je faisais des expéditions au Népal, dans les jungles du Triangle d’or entre la Thaïlande, le Laos et la Birmanie ou même en France, j’aurais eu un ricanement méprisant en affirmant que jamais je ne ferai porter mon sac : une rando c’est avec son sac sur le dos !

Et puis, on gagne en âge et en sagesse !

Nous arrivons donc tôt au gîte de Franck, le sosie de Gad Elmaleh. Notre sac n’est pas encore arrivé et après un casse-croûte nous faisons une sieste. Franck est savoyard et il a repris une ruine sur le chemin. Il voulait s’occuper d’un gîte n’importe où, mais sur le Chemin. Il l’a fait deux fois, et nous dit, que selon lui, le plus beau est celui qui part de Genève. On dort chez l’habitant, on fonctionne au « Donativo », c’est-à-dire qu’on laisse ce que l’on veut, ce que l’on peut… J’aime bien cette idée. Bien sûr tout le monde doit jouer le jeu en fonction de ses moyens mais donner quelques euros de plus pour permettre à un autre, que je ne connais pas et qui est moins fortuné, de faire le chemin est une idée qui me plaît !

Nous mangeons avec délice une salade suivie de la meilleure tartiflette de ma vie puis d’une délicieuse crème brûlée. En fait, quand on marche, on retrouve les valeurs premières et une gorgée d’eau ou une simple pomme deviennent un délice.

Nous sommes une dizaine autour de la table, Isabelle toujours sociable discute avec tout le monde, comme moi d’ailleurs.

La rando se termine ce soir à Aumont en Aubrac après 3h de marche seulement. Nous sommes un peu frustrés par la brièveté du trajet mais il nous faut une gare pour pouvoir rentrer à Toulouse.

La journée, si courte fut-elle, nous fit traverser des champs de bleuets et retrouver toujours ce parfum entêtant des genêts sauvages.

Tous ici font grand cas de la bête du Gévaudan. Il y a des statues partout. Nous finissons au resto sur une entrecôte et un aligot. Il fallait bien que je goûte une de ces magnifiques vaches avant de rentrer quand même !

Si j’ai entendu des « je n’ai pas encore trouvé ce que je cherche », « le Chemin m’a sauvé la vie », etc… Je n’ai pas vu de pèlerins avancer plein de componction en récitant des « je vous salue Marie » ou marcher à genoux… plutôt des gens sympathiques et ouverts.

Qui se ressemble s’assemble me direz-vous, c’est peut-être la raison pour laquelle je n’ai pas encore rencontré d’illuminés.

Pourtant, je suis curieux, j’aimerais savoir en quoi ce chemin sauve la vie de gens. Pourquoi certains choisissent de faire cette rando plutôt qu’une autre. Pourquoi plusieurs fois alors qu’il y a tant de chemins magnifiques en France…

Nous verrons cela la prochaine fois peut-être !

Car nous comptons bien le continuer.

01Fév/23

Puy-en-Velay – St Privât d’Allier – Saugues

Très belle étape de 6h30, assez facile. Pas de vrais dénivelés, un magnifique paysage ouvert, légèrement vallonné par les vieux volcans auvergnats. Un superbe patchwork de différentes teintes de vert nous accompagnera jusqu’au plateau de l’Aubrac. Des champs de blé vert tendre, ceux de lentilles tirant sur le kaki et surtout des genêts jaunes flamboyants illuminent ce paysage.

Sans que le chemin soit encombré, on croise quand même pas mal de pèlerins.
Des groupes, des gens isolés, des marcheurs du dimanche avec leurs bâtons réglés trop courts ou trop hauts pour être efficaces, leurs sacs mal ajustés les tirant vers l’arrière, d’autres avec un bâton de bois. Il y a de tout.

St Privât d’Allier

En fin d’après-midi nous arrivons à St Privât d’Allier. Nous restons dans un gîte tenu par un couple d’Anglais avec une douzaine de personnes, l’ambiance est sympathique, le repas du soir simple et copieux. On dort en dortoir mais nous sommes isolés des autres par des rideaux.

Nous reprenons notre route. Les champs sont piqués de fleurs sauvages, jalonnés de pins, de bouleaux et de chênes moussus. De belles vaches paissent tranquillement dans des champs. Nous marchons avec plaisir en conversant. Isa, comme à son habitude, prend beaucoup de photos. Nous croisons une pèlerine qui à chaque calvaire rencontré, pose son sac, sort un petit papier et fait une prière… Vu le nombre, elle n’est pas rendue !

Journée de 6h, plus difficile en raison des dénivelés, jusqu’à Saugues.

Saugues

Nous faisons nos réservations au jour le jour mais devons modifier certaines étapes en les allongeant faute de place. Isabelle marche très bien mais aujourd’hui, après 9h, elle, toujours joyeuse et prête à discuter ne parle plus. Elle n’en pouvait plus et j’avoue que j’en avais assez moi aussi. Ce n’est plus du plaisir mais nous n’avons pas le choix : l’étape du Sauvage était full ! ! Le soir au resto, nous entendons deux Belges dire qu’ils rentrent car ils ne trouvent pas de place où dormir !

Nous arrivons à Saint-Alban-sur-Limagnole, un bel endroit, on est 7 dans un dortoir de 14 places. On prend souvent la demi-pension car il n’y a pas toujours de resto. Le soir, on se régale d’une délicieuse blanquette de veau puis nous nous écroulons sur nos lits.

 

Les maisons sont magnifiques par ici, de grosses bâtisses en pierres de taille avec toit en lauze.


Je pense que le fait que nous soyons un couple mixte fait que les gens nous remarquent et se souviennent de nous, ils nous saluent, nous disent qu’ils nous ont vu ici ou là… N’étant pas physionomiste (cela m’a joué suffisamment de tours dans ma vie professionnelle) je fais comme tous les commerçants, je souris, je salue jovialement, je dis que ça me fait plaisir de les voir et leur demande comment ça s’est passé pour vous aujourd’hui ?

 

Je suis un gros menteur, Dieu me jugera !

05Jan/23

Toujours Compostelle !

Le Puy-en-Velay n’est pas aisément accessible de Toulouse. Un avion jusqu’à Lyon, puis un train vers St Etienne et enfin le Puy.

Voyage long mais on n’est pas déçus. Après une journée passée à Lyon, nous arrivons au Puy. Jolie petite ville avec « Notre Dame de France », une Vierge de 22 mètres, toute en métal de canons fondus perchée sur un piton rocheux. 

Canon du Puy en Velay, Toujours Compostelle

En face, une petite chapelle plantée sur l’autre cheminée volcanique de la ville : Saint-Michel d’Aiguilhe : mignonne, fraîche et calme avec cette odeur de bougie fondue si caractéristique.

En fin d’après-midi, nous allons à « l’accueil pèlerins » nous y sommes reçus chaleureusement avec un verre de verveine (au Puy en Velay, on boit de la verveine en alcool, en pisse-mémé ou en boisson rafraichissante… et on mange des lentilles). 

Nous discutons avec d’autres pèlerins (ici, on n’est pas randonneur mais « pèlerin » ou « Jacquet »). Nous sympathisons avec trois Canadiennes et une Allemande qui est partie de Cologne et ira jusqu’à Compostelle : 4000 km ! 

coquille saint-jacques symbôle - Toujours Compostelle

Je retrouve des phrases toutes faites, des expressions que j’ai lues dans le guide ou sur Facebook, sur « Le Chemin », le Camino, on se souhaite « Buen camino », « Ultreïa » (une expression d’encouragement et de soutien entre marcheurs). J’entends parler de « l’appel du Chemin », de « l’esprit du chemin » ou encore de « l’esprit pèlerin »… J’écoute, je ne sais pas ce que cela signifie… le savent-ils eux-mêmes ?

Une des Canadiennes nous demande combien pèse notre sac, « je ne sais pas…  8 ou 9 kilos environ et le tien » ? Elle se redresse souriante « 7,2 Kg ». Une autre me dit fièrement « 6,4 Kg », la troisième « 6,8 Kg » … c’est l’une des grandes préoccupations (légitime) de beaucoup de pèlerins, presque une obsession. C’est là qu’interviennent les théories fumeuses « ton sac ne doit pas dépasser 10% du poids de ton corps » (ce qui est absurde) et le très commun « ce sont tes peurs que tu transportes avec toi dans ton sac » … Moi qui pars souvent en bivouac de plusieurs jours, parfois en haute montagne, je ne laisse rien au hasard, alors oui, certaines choses peuvent ne pas me servir mais en cas de problème, je ne suis jamais démuni :  alors peur ou pas peur ?

Réserver à l’avance implique que, peu importe la difficulté ou la fatigue, nous devons arriver au point prévu. Or, rien n’est pire que de se forcer pour se dégoûter de quelque chose. Je me suis donc dit qu’on ferait le Chemin au jour le jour ; je me fais confiance, je me débrouille toujours. Toutefois, les Canadiennes nous mettent en garde! La Covid qui a privé de marche de nombreuses personnes, le pont de l’Ascension et le fait que ce soit une année Jacquaire, c’est-à-dire que la Saint Jacques tombe un dimanche (ce qui se produit quatre fois tous les vingt-huit ans) : tout cela risque de nous poser des problèmes d’hébergement.

Elles nous disent aussi que c’est formidable d’assister à la messe avant le départ et de recevoir « la bénédiction des pèlerins » par le curé. 

Bon… moi, cela m’importe peu et surtout, je n’ai pas envie de démarrer avec 200 autres personnes en même temps mais je vois que cela plairait à Isabelle, non pas la messe en elle-même, mais ce fameux esprit communautaire et cette entraide sont les valeurs qui lui plaisaient dans ce chemin. Je ne veux pas qu’elle ait des regrets à cause de mes idées que je sais parfois un peu obtuses sur le sujet. 

Nous achetons une « crédenciale », sorte de passeport que tu fais tamponner à chaque étape et qui prouve que tu as bien fait le pèlerinage.

Tout le monde a une coquille de Saint Jacques accrochée à son sac à dos (sauf moi car je suis un rebelle). Isa en choisit une jolie peinte en rose fuchsia qui, je dois dire, va bien avec le bleu de son sac… le chic parisien, que voulez-vous !

Au Moyen-Âge, on ramenait sa coquille d’Espagne pour preuve d’avoir accompli le pèlerinage, car à l’époque on n’en trouvait nulle part ailleurs. 

C’est de là que la « Pecten maximus » a tiré son nom commun de « coquille saint Jacques ».

Le lendemain matin à 7h, nous nous rendons à la cathédrale. Il y a sûrement 200 personnes et une montagne de sacs à dos contre les murs.

C’est la seconde fois que j’assiste à une messe, la dernière c’était à Calcutta avec mère Teresa. Tout cela est bien trop sérieux pour moi, en revanche, je prie pour que personne ne me téléphone ; la sonnerie de mon portable (Les Bronzés font du ski) ne serait pas du meilleur effet dans cette solennité (ça me ferait rire, mais que moi, je pense). Comme prévu, à un moment je m’éclipse pour aller chercher du pain… 200 personnes à la boulangerie en même temps, je ne le sens pas trop.

En fait, je ne sais pas comment, mais même si tout le monde est sorti en même temps, les gens se sont dispersés et on est partis tranquilles.

C’est parti !

 

 

21Déc/22

Pourquoi Compostelle ?

tracé du chemin de Compostelle, article Pourquoi Compostelle?

Je pratique la randonnée depuis toujours. Lors de mes différentes marches, j’ai plusieurs fois croisé le chemin de Compostelle, mais il ne m’est jamais venu à l’esprit de le faire.

J’avais l’impression que les marcheurs de Compostelle étaient soit des allumés mystiques, soit des chrétiens un peu intégristes avec lesquels je ne voyais pas bien ce que j’aurais pu partager.

Pour me conforter dans mes idées

Il y a quatre ans, je faisais le tour du Lubéron et nous avions, mon fils et moi, rencontré un type sympathique, la soixantaine, qui en était à son troisième « chemin » par différentes voies. Il marchait 20 à 30 kilomètres par jour. Il partait le 24 octobre et programmait son arrivée à Compostelle le jour de Noël ! Devant ma surprise, car en trois mois de marche, on peut rencontrer tant de choses différentes pouvant nous ralentir (une blessure, s’égarer, des intempéries, une chaussure qui lâche, la perte de motivation, la fatigue …) il me répétait inlassablement quand je lui mentionnais tel ou tel imprévu : je marche !

Pourquoi Compostelle? La route

On s’approche de la philosophie de la Légion étrangère mais finalement pourquoi pas ? Chacun fait ce qu’il veut, recherche son plaisir, son équilibre où il le souhaite.

Toutefois, lorsqu’il me dit terminer les 300 derniers mètres à genoux (100m de plus à chaque voyage), là je tique un peu ! En effet, ses genoux présentaient de vilaines cicatrices.

La recherche du plaisir, le dépassement de soi, le lâcher-prise sont des notions, des valeurs qui me sont familières, que j’aime et que j’aime déployer quand je le peux : mais pourquoi chercher la souffrance ?

J’étais donc resté sur une certaine image du chemin de Compostelle.

Petit à petit l’oiseau fait son nid…

L’an dernier, alors que nous faisions le tour du Gers à vélo avec mon fils, nous avons fait halte dans un gîte à Condom où passaient de nombreux pèlerins. L’ambiance était très agréable et le patron avec qui j’avais sympathisé m’a dit que des allumés, il en voyait 1 à 2 par an, rarement plus, la plupart du temps c’était des gens ouverts et sympathiques, comme tout ceux avec lesquels nous discutions d’ailleurs… J’étais manifestement tombé sur un cas un peu particulier !

direction compostelle

Lors d’un voyage au nord du Portugal, Isabelle, ma compagne, a entendu parler de ce chemin dont on lui a vanté la beauté mais aussi et surtout la bienveillance, l’entraide qui règne entre pèlerins. Ça lui a parlé et lorsqu’elle a évoqué l’envie de faire le chemin, j’ai sauté sur l’occasion de lui faire partager ma passion.

J’ai commencé par faire des recherches afin de savoir d’où partir, une portion qui soit à la fois belle et pas trop difficile. Sur Facebook, tout le monde m’a conseillé de commencer du Puy-en-Velay.

Notre point d’arrivée dépendra de notre rythme. Isa est une grande « marcheuse urbaine », mais ne sachant pas comment elle marchera avec un sac à dos et dans la nature, je préfère ne rien réserver, je ne veux surtout pas la dégoûter. Dans une ville, elle me sèche, mais par les chemins, ça peut être différent.
Je ne prendrai pas la tente (pas toutes les émotions d’un coup !).

coquille saint-jacques symbôle du chemin de compostelle

Lorsque je lis des articles ou des commentaires sur le chemin de Compostelle, je note qu’il y a pas mal de gens à la recherche de quelque chose, d’eux-mêmes peut-être, certains un peu perdus, d’autres disent que « le chemin leur a sauvé la vie » … Wow !

Ma vie va très bien, j’aborderai ce chemin comme n’importe quelle randonnée, ce n’est rien de plus pour moi mais rien de moins.

Changera t-il ma vie ? Changerai-je d’idée en route ?

Je pars avec beaucoup d’idées préconçues, c’est l’un de mes défauts, j’en ai conscience et j’essayerai de m’en débarrasser. J’aime quand quelque chose ou quelqu’un me fait changer de point de vue sur un sujet, je n’ai pas un ego à ce point que je ne puisse reconnaître mes torts.

Ne dit-on pas que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ?

 

27Avr/22
mine antipersonnelle au Cambodge

Les mines anti personnelles au Cambodge

Il y a quelques temps, j’ai rencontré Mike, lors d’un voyage au Cambodge. Nous avions assistés émerveillés à un ballet khmer ; les jeunes filles, vêtues comme des Apsaras, donnèrent une représentation exceptionnelle, ces danses sont aussi compliquées que codifiées. Il ne reste qu’une seule danseuse du Ballet Royal, une vielle dame –seule survivante de sa génération- qui enseigne son art aux jeunes filles pour qu’il ne disparaisse pas à tout jamais. Elles ont des gestes d’une grâce sans pareille, avec ces mouvements qui serpentent d’une main à l’autre, ces postures si gracieuses et si extrême-orientales.

Toutes les anecdotes vécues au Cambodge sont dans le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

Mike est australien, ancien officier de la légion étrangère, tombé amoureux du pays en 1992 alors qu’il était envoyé comme casque bleu pour sécuriser les élections. Aujourd’hui, il vend des peintures sur soie dans une échoppe et aide les démineurs. Il est installé avec Sopheap, sa femme, et Rupert, son python que je verrai grandir au fil de mes passages. En moins d’un an, je parviendrai à peine à le porter tant il était devenu lourd.

Un jour, il me parla des élections. Il faut savoir que Mike est un type au physique impressionnant : larges épaules, cou de taureau, des bras aux muscles noueux, tatoués de l’épaule au poignet. Mais le plus impressionnant reste ses yeux bleus perçants qui distillent tant un calme froid qu’une indicible force. Sergent à l’époque, il alla voir le commandant khmer rouge, « comme ça, pour mettre les choses au point, tu comprends ? », posant les poings écartés sur la table, il le regarda dans les yeux en détachant chaque syllabe.

– Une chose doit être claire : si un seul de mes hommes est blessé, de quelque manière que ce soit, au cours de vos petites attaques de merde, on enlève nos casques bleus, on remet nos képis et on vous tue tous.
Le Khmer rouge, qui n’était pas exactement un enfant de chœur, resta impassible mais on remarqua au cours des nombreuses attaques qu’ils firent tout au long des élections, qu’aucune ne fut jamais dirigée contre les légionnaires qui se prélassaient tranquillement dans leurs hamacs.
Il a tout compris de sa mission de casque bleu, quelques mots doux judicieusement placés valent mieux qu’une balle.

Mike garde dans son échoppe, un échantillon de chaque mine que l’on trouve ici ; il les maudit et veut montrer aux gens de passage à quel point ces armes sont destructrices. Quand il en parle, ses yeux s’enflamment, il s’emporte souvent contre ces fabricants de mort.

Le Cambodge comme si vous y étiez ! Découvrez ce pays dans le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

mine antipersonnelle au Cambodge

mine antipersonnelle au Cambodge

– Si le diable avait voulu faire du commerce, dit-il, c’est ça qu’il aurait choisi. Ces saletés ont été posées lors des différentes guerres, regarde, ça ce sont des « 72a et b », une mine chinoise posée par les Khmers rouges, ça c’est une « PM N2 », une mine soviétique posée plus tard par les Vietnamiens…

mine antipersonnelle au Cambodge

mine antipersonnelle au Cambodge

On la trouve couramment en Afghanistan ; peu de métal donc difficile à détecter, une pression de vingt kilos suffit à les faire exploser. Il y a aussi les mines « POMZ-2 » à fragmentation ou encore les mines bondissantes. Ce sont les modèles les plus répandus. Et puis il y a toujours les « UXO »(1) ces bombes et obus qui n’ont jamais explosé mais causent toujours un grand nombre d’accidents mortels tous les ans.

Le Cambodge est avec l’Afghanistan le pays le plus miné au monde. A l’origine, on utilise les mines pour se garder de ses ennemis et lorsqu’on mine un terrain, on fait un plan précis de leurs emplacements pour pouvoir y circuler et les récupérer le cas échéant. Au Cambodge, ils ne faisaient pas de plans. Les mines étaient le plus souvent abandonnées sur place… De toute manière, avec les pluies de la mousson, elles se déplacent et un plan serait vite obsolète. Plusieurs millions de mines furent placées au Cambodge. Une mine coûte entre 3$ et 128$, quand le déminage – à cause de la main d’œuvre, la logistique et le matériel qu’il nécessite – coûte de 30$ à 1000$ par mine. Reste un autre problème difficile à chiffrer mais tragique sur le plan économique : la non exploitation agricole des zones minées ou supposées telles. C’est un terrible facteur d’appauvrissement pour les paysans.

Les souvenirs de voyages au Cambodge de Lionel Cieciura sont dans le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

Mike m’explique qu’il y a deux façons de neutraliser une mine : on la localise au détecteur et on la fait sauter avec un bâton de dynamite ; c’est lent mais les risques sont réduits. L’autre méthode, la française, consiste à la situer au détecteur puis à la déterrer en plaçant une épingle dans la goupille (même principe qu’une grenade). On les met en tas puis on les fait sauter ; plus rapide mais plus risqué.
– “Les paysans s’en servent pour protéger leurs récoltes des voleurs, pour pêcher même… c’est un vrai fléau. J’ai beau en avoir désamorcé des centaines, la poussée d’adrénaline est toujours la même : la peur me noue l’estomac. Mais chaque fois que j’en neutralise une (ses yeux brillent), tu ne peux t’imaginer ce que je ressens : je me dis que je viens de sauver une vie.”

Sopheap, sa femme est infirmière pour une ONG ; lors d’un repas, elle m’explique qu’une personne sur deux ne survit pas à l’explosion d’une mine ; soit la victime a moins de douze ans et sa petite taille ne résiste pas à la déflagration, soit elle n’a pas l’argent pour se rendre à l’hôpital, soit encore, ce dernier, faute de personnel ou de médicaments ne peut dispenser les soins nécessaires. Il arrive souvent qu’une victime meure sur place des suites de ses blessures car personne n’ose aller la chercher de peur de sauter aussi.

Une prothèse coûte au minimum quarante dollars auxquels s’ajoutent dix heures de rééducation avec un spécialiste ; le moignon étant très sensible, la partie sur laquelle il repose doit être remodelée plusieurs fois ; une vingtaine de fois au cours de la croissance. Un adulte, lui en change environ quatre fois.

mine antipersonnelle au Cambodge

mines anti personnelles au Cambodge

17Juin/21

Un voyage culinaire en Asie

Lors de mes nombreux séjours en Asie, j’ai pu découvrir la diversité et la grande richesse de la cuisine asiatique. 

La nourriture asiatique est une des nourritures la plus populaire au monde. Mais la connaissez-vous réellement ? 

De la Chine, en passant par le Viêtnam, l’Indonésie, ou l’Inde… Laissez-moi vous faire découvrir une cuisine locale, authentique et bien différente que la nourriture asiatique que vous dégustez dans un restaurant asiatique en France !

Chacun des pays d’Asie a sa spécificité locale concernant la nourriture. 

La cuisine indonésienne 

La cuisine indonésienne par exemple, est très colorée, très variées et pleine de saveurs ! Elle est énormément basée sur les produits locaux. 

Le saviez-vous ? Il est impossible de trouver un plat qui ne contient pas au moins l’un de ces ingrédients : riz, noix de coco, banane, cacahuète et soja.

Le plat que j’ai préféré est sans aucun doute, le Rendang, un plat à base de bœuf mariné accompagné de son riz blanc !

Rendang - plat indonésien

 On trouve aussi du chien, des chauves souris, du rat… 

Découvrez des spécialités culinaires d’autres contrées en achetant le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

plat chauve souris indonésiechauve souris indonésie

 

Une division entre le nord et le sud de la Chine

En Chine, j’ai pu apercevoir une différence flagrante entre le nord et sud du pays. On dit qu’en chine, on mange tout ce qui à quatre pattes sauf les tables, tout ce qui à deux pattes sauf les échelles et tout ce qui vole sauf les avions… c’est assez vrai 😉

Le nord de la Chine, dû à son climat plus froid et plus sec, privilégie la culture du blé. Contrairement au Nord, dans le Sud de la Chine, les habitants consomment uniquement du riz blanc ou des nouilles de riz. Ces aliments sont bien sûr, accompagnés de divers légumes et divers fruits. 

En Chine, les légumes sont davantage appréciés lorsqu’ils sont frais. Nous pouvons retrouver un grand nombre de marchés locaux et traditionnels vendant des produits frais. Il est très très rare de trouver de la nourriture surgelée ou en conserve ! 

Des habitudes alimentaires traditionnelles, mais qui peuvent choquer les étrangers. 

La chine est connu pour manger de nombreux plats composés d’animaux. Cela peut amener à choquer, voir dégoûter les étrangers et les touristes. On y retrouve du chien, divers insectes, des rats… Je peux comprendre le sentiment éprouvé de ces personnes-là. Néanmoins, chaque pays a une coutume différente. Il est fort probable qu’un Chinois voyageant en France soit hébété face à l’une de nos coutumes non ? C’est ce qu’on appelle de l’ethnocentrisme… c’est une question de tolérance. 

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La cuisine vietnamienne 

Lors de mon voyage au Viêtnam et particulièrement au retour, j’ai remarqué que la cuisine vietnamienne est plutôt méconnue par rapport à d’autres cuisines asiatiques comme la cuisine chinoise ou japonaise. J’ai particulièrement apprécié la convivialité, l’esprit de partage autour des repas. 

Une chose surprenante (mais avec du recul ne l’est pas tant que ça) est que la cuisine vietnamienne privilégie le goût et non l’esthétique du plat. 

cuisine asiatique - repas vietnamien

Nous retrouvons un mélange d’herbes, d’épices, des méthodes de cuisson qui font toute la différence du peuple vietnamien. 

J’ai beaucoup apprécié la diversité gastronomique asiatique. En effet, j’ai trouvé les différences qu’on retrouves d’un pays à l’autre simplement fascinantes ! 

Découvrez d’autres anecdotes de mes divers voyages sur : https://conseils-de-voyages.com

21Mai/21

Souvenir du triangle d’or

Rencontre de la Tribu Akha dans le Triangle d’Or

En 15 ans de voyages, j’en ai beaucoup, il ne m’est pas facile de faire une sélection

Nous faisons quelques incursions en Birmanie, pas trop car il y a des troubles en ce moment. Nous commençons à apprécier cette végétation épaisse où les arbres sont parasités par toutes sortes de plantes qui augmentent encore le désordre sauvage. Contrairement à nos forêts entretenues, les arbres ici s’imbriquent les uns dans les autres. Des lianes moussues pendent dans un inextricable fouillis de végétation à l’infinie gamme des verts.

Nous allons dans des endroits vraiment reculés. Nous arrivons dans une tribu Akha dont certains membres arrivent juste des jungles birmanes et n’ont encore jamais vu de Blancs. Je n’ai pas trop de peine à approcher les enfants, mais Pinan nous recommande de ne pas nous asseoir trop près d’une vieille dame apeurée par notre présence.

 

J’ai pu entrer en contact avec elle en passant par les enfants. Je me sers de diverses astuces pour me faire accepter, comme le zoom de mon appareil photo ou la lumière bleue de ma montre électronique, les enfants adorent ça. Là, j’ai sorti mon couteau suisse ; voyant les enfants fascinés, la vieille dame s’est petit à petit rapprochée. Je le lui ai mis en main, lui en ai expliqué l’usage, et c’était parti. Lorsque je mis le feu à un bout de papier grâce à la petite loupe et aux rayons du soleil, ce fut la gloire !


La marche est toujours difficile mais nous avons pris le rythme. Après une douzaine de jours, nous arrivons dans un village Meo, les habitants se révélèrent charmants mais le premier contact fut tendu. Nous gravissions la petite colline qui mène au village lorsqu’au sommet cinq types, l’air farouche, pointent leurs vieilles pétoires sur nous en aboyant dans leur dialecte.

Pinan leur parle d’une voix calme et douce, il explique que nous venons en amis, que nous cherchons juste un toit pour la nuit. Nous ne comprenons rien à ce qui se dit et ne sommes pas rassurés. Finalement, ils se radoucissent, baissent les fusils et nous laissent passer en souriant.

On se regarde le cœur battant, Pinan nous fait un clin d’œil. Ils nous offrent du thé et Pinan explique qu’il y a trois semaines, des gens venus de Bangkok, accompagnés d’un Blanc, ont emmené des filles contre paiement de trois cents dollars par tête -une fortune pour ces gens- assurant aux familles qu’elles auraient un travail comme employées de maison ou nounous à Bangkok. En fait, elles ont été envoyées dans des bordels ; les moins jolies ont travaillé comme esclaves dans des ateliers clandestins à coudre des vêtements de contrefaçon. Ils ont dit qu’ils reviendraient en prendre d’autres mais une des filles a réussi à s’échapper et à rentrer au village.

Elle a expliqué ce qu’elle avait subi et les habitants -ces paysans pauvres et sans instruction- étaient furieux et les attendaient de pied ferme.

Pour se faire pardonner de ce qu’ils ont considéré comme un manque d’hospitalité, une dame avec laquelle nous avions pas mal échangé m’offre un petit chapeau tissé à la main que l’enfant garde durant ses 3 premières années. Je l’ai toujours ! 

chapeau tissé à la main offert à Lionel Cieciura lors de son voyage dans le

J’ai lu dans certains journaux que les familles vendaient leurs enfants dans des bordels de Bangkok. J’étais troublé. La réalité est bien sûr plus complexe. On donne aux parents de l’argent en leur promettant un futur stable pour leurs enfants et ceux-ci leur enverront une partie de leurs revenus. Pourquoi refuseraient-ils ? On parle aussi beaucoup dans ces journaux de pédophilie. Pour moi qui adore les enfants, c’est une abomination et ces malades doivent être traqués sans pitié.

Toutefois, il faut savoir que les premiers consommateurs d’enfants en Asie sont les Asiatiques eux-mêmes qui pensent rajeunir par cette union. De plus il est toujours difficile de juger de l’âge d’un Asiatique, une fille de vingt ans peut facilement en paraître quinze voire moins, une aubaine pour des journalistes peu scrupuleux en mal de scoop.

Mais je ne minimise pas le problème car il existe, je l’ai constaté à plusieurs reprises. Les « crocodiles », c’est ainsi que les enfants nomment les pédophiles blancs, existent bel et bien et viennent laisser libre cours au vice pour lequel ils seraient condamnés en Occident.

Pinan m’expliquera qu’avec le nombre d’agences proposant des trekkings dans la jungle, une concurrence extrême s’est développée. Pour survivre, elles doivent se démarquer soit par des prix plus bas, soit en apportant quelque chose de différent. Certains ont choisi les trekkings sexuels où le client passe, à chaque étape, une nuit avec une Méo, une Lisu, une Hmong

De retour à Chiang Maï, nous nous reposons, nous faisons masser, profitons des restos et de la vie. Quelques semaines plus tard, Franck et moi nous séparons à Bangkok. Il rentre en France faute d’argent, ce fêtard invétéré a tout flambé ! Je continue vers le sud de la Thaïlande. 

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13Août/20
Torajas

Les Torajas : une cohabitation avec leurs morts

À la Rencontre des Torajas en Indonésie

Retirés dans les montagnes de l’île de Sulawesi en Indonésie, les Torajas, un groupe ethnique indigène pratique un étonnant rite funéraire. La mort ne les effraie pas. En attendant que les funérailles soient organisées, les familles gardent le cœur de leur défunt chez eux et s’occupe de lui comme s’il était un simple malade. Et c’est lors de mon voyage que j’ai pu assister à des funérailles spectaculaires.

Extrait du livre « Et si c’était mieux là-bas » ? de Lionel Cieciura

Torajas« Il faut encore huit heures de voyage éreintant en bus déglingué pour rejoindre Rantepao au centre de l’île. Nous sommes en pays toraja, l’autre ethnie importante de l’île. Les paysages sont d’une beauté à couper le souffle : des rizières alentours déclinent tous les tons de vert et au loin les montagnes recouvertes de jungle laissent apparaître leurs falaises.

Rantepao est une petite ville agréable ; partout il y a des arbres en fleurs, certaines sont rouges et grosses comme de petits ballons, d’autres, de longues cloches blanches, mesurent une trentaine de centimètres. Nous rencontrons Claire dans notre Losmen (petit hôtel bon marché), une Anglaise sympa qui se joint à nous. Elle est dentiste, à 28 ans et a quitté l’Angleterre il y a trois ans. Elle a travaillé comme dentiste et professeur à l’université au Cambodge, au Vietnam et en Nouvelle Zélande. Comme la plupart des filles qui voyagent seules, elle a un caractère bien trempé, elle possède aussi cet irrésistible humour british.

Il pleut souvent à Sulawesi, ce qui explique cette exubérance de la nature ici. Nous louons une voiture et visitons les alentours. Les rizières ont une particularité ici, un trou y a été aménagé afin de piéger les anguilles. Parfois, au milieu de la rizière s’élève une colline avec quelques maisons entourées de bambous géants, de bananiers et de cocotiers.

Les maisons torajas sont montées sur pilotis et font face à un grenier à riz qui est Torajasleur réplique en plus petit. Les murs en bois sont sculptés et peints. Ce qui les distingue, c’est la toiture en forme de corne de buffle dont les extrémités peuvent s’élever à une quinzaine de mètres. Elle est construite à l’aide de milliers de bambous entrecroisés qui lui assurent une étanchéité parfaite.

J’apprendrai, en les examinant de plus près, que l’on retrouve partout les mêmes symboles et les mêmes couleurs sculptés sur les murs : le cercle représente la terre, le triangle le soleil, le coq relie l’homme à l’un et à l’autre. On retrouve aussi le Katik, oiseau magique, et toujours le buffle. Un gros pilier soutient l’avant du toit devant la maison. Parfois, des dizaines de cornes de buffles y sont accrochées l’une au-dessus de l’autre, elles témoignent de l’importance de la famille.

Les villages comptent rarement plus de trois cents habitants, ils sont organisés en seigneuries dominées par les familles nobles. Les buffles sont l’objet de toutes les attentions ; c’est le seul endroit d’Asie où ils se prélassent dans la boue quand les paysans travaillent. Pour les Torajas, la mort fait partie de la vie : ils travailleront toute leur vie afin de posséder suffisamment de buffles qu’ils sacrifieront à leur mort. Ils prendront ainsi place parmi leurs ancêtres et protégeront leurs descendants. Sans funérailles appropriées, l’âme du défunt pourrait causer des troubles à la famille.

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Les Torajas ont été convertis au protestantisme par les pasteurs hollandais mais les traditions animistes restent profondément ancrées.

TorajasNous arrivons dans une vallée couverte de rizières et bordée de hautes falaises où sont placées des Tau-tau, petites effigies sculptées pour les castes supérieures et placées dans des niches creusées dans la falaise. Ainsi l’esprit des ancêtres continue de veiller sur le village.

Je reviendrai souvent ici. Quelques années plus tard, les statuettes auront été volées pour décorer les maisons de riches occidentaux ; elles furent remplacées par des copies, mais ces vols causèrent beaucoup d’émotion dans leur communauté : un ami torajas m’a confié plus tard que c’était comme si on lui avait enlevé son père une seconde fois ; c’est difficile à comprendre pour nous car leur conception de la vie et de la mort est complètement différente de la nôtre.

Des funérailles torajas auront lieu demain, c’est la partie la plus spectaculaire de leur culture. Nous arrivons dans le village où va se tenir le sacrifice. Des gens vêtus de sarongs noirs et de tee-shirts blancs forment un cercle, se tiennent les mains et entament un chant lancinant ; il s’agit plutôt de sons car ils font des HAAAA, HOOOO, HAAAA en sautant légèrement sur leurs talons ce qui produit un effet étrange. Je me rapproche des maisons et très vite on m’invite à y entrer. Ils sont accueillants et curieux. En buvant le thé, j’apprends que la personne dont on célèbre les funérailles est une femme qui fut aimée et respectée. Elle est morte il y a sept ans.

TorajasDurant tout ce temps, la famille a travaillé dur pour organiser ces funérailles. La dame a été momifiée grâce à des injections régulières de formol et est restée dans la maison sur une chaise.

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Cette pratique devient rare, je la rencontrerai encore une fois au cours de mes voyages. La défunte parée de ses plus beaux habits traditionnels et de ses bijoux trône dans un coin de la pièce, ils disent bien que cela ne sent pas très bon mais il importe de lui offrir des funérailles dignes de ce nom. Certains vendent des terres, se ruinent même pour acheter des buffles car plus il y en a, mieux l’esprit de la personne sera conduit vers l’au-delà (c’est aussi une question de prestige). Le gouvernement finira par imposer des quotas sur le nombre de buffles à sacrifier. Pour l’heure, il y en a soixante dont deux albinos -les plus chers-. Après le sacrifice, la viande sera répartie entre les convives : celui qui apporte un cochon recevra l’équivalent en viande ce qui entraîne toujours d’âpres négociations. Le reste sera vendu.

Après un rapide calcul, le prix de soixante buffles plus les taxes s’élève à plus de quarante mille dollars ! Le village, créé pour l’événement, est constitué d’une quinzaine de maisons en bambous à deux étages, disposées en cercle. Plus tard dans la journée viennent les sacrifices. Cochons d’abord. On les amène suspendus à des bambous transportés à dos d’homme. Ils sont posés à terre, les uns à côté des autres et assistent impuissants au massacre de leurs congénères en voyant le long poignard se rapprocher un peu plus chaque fois, puis viendront les buffles.”

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La totalité des ventes du livre est reversé à un projet humanitaire soutenu depuis des années par mon association Kayumanis.

 

12Août/20
Népal

La demeure des Dieux : le Népal

Le Népal est un pays où les touristes s’empressent de découvrir chacun de ses recoins. C’est une destination connue dans le monde entier où les découvertes sont plus belles les unes que les autres. En 2015, le pays a connu un terrible tremblement de terre dont il se relève. Malgré cela, le Népal reste une expérience formidable à vivre où divers lieux et paysages sont à voir.

La Vallée de Katmandou

NépalSituée à 1300km d’altitude, la Vallée de Katmandou regorge de beaux villages et de promenades. Mais également d’ethnies comme les Newars qui sont les premiers habitants de la vallée et représente aujourd’hui près de la moitié de la population. La capitale népalaise et sa vallée vous feront découvrir des cités médiévales construites avec des briques rouges, des traditions et des savoir-faire ancestraux. Lieu de fascination et de croyance, la ville compte également de nombreux temples hindouistes et bouddhistes.

Le Mustang

Le msutang, NépalÀ 80 km de l’Annapruna, au nord du Népal se trouve le Mustang, des montagnes et des canyons à perte de vue qui irradient par ses paysages époustouflants. Au-delà de sa beauté irréelle, la région attire pour les traditions de ses habitants et les derniers vestiges d’une culture bouddhiste tibétaine qui tend à disparaitre de l’autre côté de la frontière. Autrefois interdit aux visiteurs étrangers, le Mustang est une destination préservée et authentique.

Étant une terre aride et minérale, le Mustang ne connait pas de mousson. Ainsi pour découvrir au mieux ce lieu époustouflant, nous vous conseillons d’y aller entre avril et novembre.

Poursuivez ce voyage au Népal en commandant le livre “Et si c’était mieux là-bas ?”

La vallée de Pokhara

NépalDirection l’ouest de la capitale, à 200 km se trouve la vallée subtropicale de Pokhara. Composée de trois grands lacs, elle est une des plus pittoresques du pays. Lorsque le ciel est dégagé, il vous est possible de contempler la chaîne des Annapurna et les monts Dhaulagiri, Himalchuli et Machhapuchhare. Un spectacle magnifique. L’ambiance paisible, les temples et musée ainsi que le décor qu’il l’entour à fait d’elle l’une des plus belles régions du pays.

Le Teraï

NépalLe Teraï est la partie népalaise de la plaine Indo-Gangétique qui couvre également une partie de l’Inde du Nord. La région se caractérise par son altitude basse (pour le Népal), son climat tropical et ses immenses forêts qui abritent une faune exceptionnelle. Elle est également parsemée de prairies marécageuses, de savanes et de forêts tropicales. Vous vous émerveillerez avec ses parc nationaux Chitwan et Bardia, avec les maisons de terres et ses villes sacrées.

Découvrez aussi ma rencontre avec le Dalaï Lama.

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La totalité des ventes du livre est reversé à un projet humanitaire mon association Kayumanis.