Cité Angkor

Angkor : Les cités des Nymphes célestes

Au Cambodge dans une petite ville du nom de Siem Reap se trouve les anciens vestiges d’une des capitales de l’Empire khmer : la cité d’”Angkor”. Un des paysages les plus extraordinaires et stupéfiants que j’ai eu l’occasion de voir.

Extrait du livre « Et si c’était mieux là-bas ? »

Vestiges cité Angkor« L’architecture est grandiose, la beauté des sculptures et des bas-reliefs rivalisent avec celles de nos plus belles cathédrales. Nous consacrons presque toute la journée à Angkor Vat, les bas-reliefs qui racontent guerres et conquêtes sont magnifiques ; les cours intérieures, l’escalade vertigineuse des marches abruptes et érodées des temples, les murs d’enceinte, tout est sculpté et raconte leur histoire.

Angkor Vat est construit suivant un plan rectangulaire d’à peu près un kilomètre et demi de côté ; Angkor Thom, qui l’entoure, est un carré deux fois plus grand. Le Bayon en est le centre exact avec ses seize tours carrées, chacune ornée de quatre visages de deux mètres de haut constitués de gros blocs de pierre. Les visages aux sourires énigmatiques fixent les quatre points cardinaux de leurs yeux d’aveugles. Certaines semblent sortir de la jungle, d’autres se détachent sur le ciel azur. Toutes ces tours dominent un labyrinthe de galeries obscures abritant des milliers de chauves-souris.

La moto permet de circuler facilement et rapidement entre les différents temples, le site s’étend sur plus de deux cents kilomètres carrés. Le lendemain matin, nous retournons au Bayon ; la lumière matinale fait ressortir les sculptures, le soleil levant anime les bas-reliefs.

Durant les deux années où je vivrai au Cambodge, j’y reviendrai plus d’une quinzaine de fois et le parcourrai du Nord au Sud et d’Est en Ouest. A chacun de mes passages l’émotion reste intacte ; je découvrirai sans cesse de nouveaux détails, de nouvelles beautés ; au gré de la lumière les bas-reliefs apparaissent sous un jour nouveau.

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Les Apsara, ces danseuses célestes, taillées dans la pierre semblent charnelles Moine cité Angkoravec leurs hanches pleines, leurs lèvres pulpeuses et leurs seins si ronds qu’ils appellent aux caresses. Une chose me surprenait : pourquoi ce peuple, si souriant avait sculpté ces magnifiques déesses avec un visage si grave ? Sur les deux mille cinq cents Apsaras recensées à Angkor, aucune ne sourit. Aucune sauf une, et je me souviens de mon émerveillement lorsque je l’ai découverte sous une pluie de mousson entouré de cette odeur puissante de terre et de végétation. L’eau l’avait rendue noire et luisante. Splendide.

Mais de tous les temples, c’est le Ta Phrom qui garde ma préférence ; englouti sous la jungle, des lianes sinueuses lèchent les murs, se coulent dans les fresques. Les immenses racines des fromagers à l’écorce argentée, ont déchaussé les blocs de pierre, faisant s’écrouler des murs. Partout, une végétation luxuriante étend ses bras, détruisant petit à petit ce qu’il a fallu des siècles pour construire. Dans ce temple où le silence n’est troublé que par le chant de quelques oiseaux tropicaux, j’aurai chaque fois le sentiment d’être un explorateur du début du siècle.

J’apprendrai que les archéologues de l’école française d’Extrême Orient n’ont jamais cherché à le restaurer : d’une part, la tâche aurait été titanesque car les racines des arbres pénètrent tout sur des centaines de mètres, étouffent les pierres sous leurs tentacules ; d’autre part ils ont voulu le garder comme un exemple de la domination de la jungle sur le temple : si on n’y prend garde, en moins de dix ans, la jungle engloutirait le site. »

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Comme dans chaque temple, une nuée de gamins en guenilles courent à notre rencontre en riant pour nous vendre des boissons et des souvenirs. Ils sont beaux les enfants khmers.

Le Phrea Khan est un autre très beau temple, il baigne dans une étrange lumière glauque, presque irréelle, une lumière d’aquarium ; le silence de la forêt accentue encore cette impression étrange.

Nous voulons voir le Bantey Srei -l’un de plus beaux paraît-il. Le problème est qu’il se trouve à plus de dix-huit kilomètres et les pistes de sable qui y mènent sont peu sûres. Nous y allons le lendemain. 

[…]

statue cité AngkorSe trouver enfin devant ce site extraordinaire et si difficile d’accès me donne le sentiment d’être privilégié. En khmer, Bantey Srei signifie « la citadelle des femmes » il s’agit de trois sanctuaires magnifiquement sculptés. Ici, il faut payer une « taxe » d’entrée ; je présente la lettre et nos cartes aux militaires dépenaillés qui jouent aux dominos à l’entrée. Ils la regardent de longues minutes à l’envers, faisant semblant de lire avec attention, puis nous laissent entrer.

Le chef vient me trouver peu après pour une nouvelle tentative, il me demande d’abord des cigarettes, comme je n’en ai pas, il veut des dollars me dit qu’il est garant de ma sécurité et bla bla bla. Il conclut par un « donne-moi 20 $ » « écoute, si tu veux de l’argent tu en demandes au check point ». J’ai été ferme. Il y a quelques personnes mais ils sont plutôt à l’écart, Sandrine est près de la porte d’entrée à une vingtaine de mètres. Il regarde la crosse de son pistolet qui dépasse de son pantalon, puis me regarde, menaçant. « I don’t pay » dis-je décidé, j’avance et l’écarte de mon chemin. Il m’énerve ce con, qu’est-ce qu’il va faire ? Me tuer ?

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Ce temple en grès rose est une merveille et superbement conservé. D’innombrables niches abritent des statues d’une extraordinaire finesse, je n’avais encore jamais vu un tel souci du détail, c’est de la dentelle. Bantey Srei n’est pas aussi grand que les autres mais il est l’un des plus beaux. C’est ici que Malraux était venu faire ses « emplettes » à coup de burin.

Pendant les années qui suivirent, l’accès à ce temple fut de nombreuses fois fermé statue cité Angkorpuis rouvert. Cinq mois après notre passage il y eut de gros problèmes : les policiers de Siem Reap autorisaient les touristes à se rendre à Bantey Srei contre trente dollars par personne pour leur « protection », ils gagnaient ainsi pas mal d’argent.

Mais un jour, un minibus de touristes fut attaqué au lance-rocket, une Américaine perdu la vie, les autres furent gravement blessés. Il y eut de nombreux commentaires dans la presse : Sihanouk avait déclaré la route officiellement ouverte et ses opposants, pour le gêner, auraient fait sauter le minibus. On émit aussi l’idée que l’Américaine décédée était une experte en stratégie militaire en mission au Cambodge. On apprit le fin mot de l’affaire plus tard : il s’agissait juste d’une guerre entre policiers. Un policier gagne une vingtaine de dollars par mois, il est obligé de trouver des « trucs » comme la corruption, le vol ou le racket pour pouvoir vivre. Comme ceux de Bantey Srei ne gagnaient rien, ils firent sauter le minibus. Depuis, les flics de Siam Reap partagent et tout va bien, ils sont copains.

Le vol de statues et de bas-reliefs est rapidement devenu à la mode ; voler une pièce est grave mais pire encore est de casser ou scier des morceaux car c’est alors irrémédiablement perdu.

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Quand Malraux vint dérober des bas-reliefs, les temples étaient encore enfouis sous une jungle inextricable. Je ne lui cherche pas d’excuses, je replace les choses dans leur contexte. Il faut imaginer un temple dont on ne connaît même plus l’existence, perdu au milieu de centaines de kilomètres de jungle impénétrable ; cela paraît moins dramatique. Ce n’est plus pareil aujourd’hui. Les plus graves dommages sont causés par les paysans des environs qui pour le compte d’hommes d’affaires de Phnom Penh ou de Bangkok, cassent les bustes au burin, scient les têtes, pillent les temples pour quelques dollars. Cela ne peut se faire sans la complicité des gardes, des policiers et des douaniers.

Tout s’achète ici. C’est inacceptable mais l’hypocrisie du gouvernement me semble pire encore quand ils condamnent -à grand renfort de publicité- un paysan misérable qui cherche juste à survivre. Allez parler de conservation du patrimoine à quelqu’un dont la famille a à peine de quoi manger. Combien de fois ai-je vu des bas-reliefs, des têtes et bustes provenant d’Angkor, d’Inde, ou d’Indonésie chez des antiquaires en Europe ou aux Etats Unis ; et combien de fois me suis-je entendu dire « si ce n’est pas moi qui les vend, ce sera un autre ».

Nous finissons toujours la journée au sommet de la petite colline face au temple d’Angkor pour voir le soleil se coucher sur ses tours.

Nous irons aussi nous balader en pirogue sur le lac Tonle sap, au milieu des villages flottants de pêcheurs, des éleveurs de serpents et de crocodiles. Un soir où nous buvions un thé dans une de ces cabanes sur pilotis nous eûmes la chance d’assister à l’un des plus beaux spectacles dont la nature a le secret ; lorsque le soleil en se couchant, passe sous la barre de nuages, nous assistons -c’est très rare- à un « soir doré », c’est un phénomène qui n’existe que dans les régions de mousson, les couleurs deviennent rouges, violettes, jaunes, oranges ; l’air chargé de millions de gouttelettes se met à briller de l’intérieur, on se croirait dans un film féérique ; tous les Khmers sortent sur leur ponton pour assister au spectacle. »

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La totalité des ventes du livre est reversé à un projet humanitaire mon association Kayumanis.