Saugues – St Alban – Les Estrets – Aumont Aubrac

Le jour suivant, nous arrivons après 4h de marche à Faux, on est presque surpris !

Normalement, ce sont les trois premiers jours qui sont difficiles mais là, une étape courte, ça fait du bien, car enchaîner de longues journées n’est pas si simple. Outre les douleurs musculaires et tendineuses, la fatigue s’accumule. Nous ne portons qu’un sac avec le minimum nécessaire, l’autre est transporté par une navette. Si on m’avait dit que je ne porterais pas mon sac lorsque j’avais 25 ans et que je faisais des expéditions au Népal, dans les jungles du Triangle d’or entre la Thaïlande, le Laos et la Birmanie ou même en France, j’aurais eu un ricanement méprisant en affirmant que jamais je ne ferai porter mon sac : une rando c’est avec son sac sur le dos !

Et puis, on gagne en âge et en sagesse !

Nous arrivons donc tôt au gîte de Franck, le sosie de Gad Elmaleh. Notre sac n’est pas encore arrivé et après un casse-croûte nous faisons une sieste. Franck est savoyard et il a repris une ruine sur le chemin. Il voulait s’occuper d’un gîte n’importe où, mais sur le Chemin. Il l’a fait deux fois, et nous dit, que selon lui, le plus beau est celui qui part de Genève. On dort chez l’habitant, on fonctionne au « Donativo », c’est-à-dire qu’on laisse ce que l’on veut, ce que l’on peut… J’aime bien cette idée. Bien sûr tout le monde doit jouer le jeu en fonction de ses moyens mais donner quelques euros de plus pour permettre à un autre, que je ne connais pas et qui est moins fortuné, de faire le chemin est une idée qui me plaît !

Nous mangeons avec délice une salade suivie de la meilleure tartiflette de ma vie puis d’une délicieuse crème brûlée. En fait, quand on marche, on retrouve les valeurs premières et une gorgée d’eau ou une simple pomme deviennent un délice.

Nous sommes une dizaine autour de la table, Isabelle toujours sociable discute avec tout le monde, comme moi d’ailleurs.

La rando se termine ce soir à Aumont en Aubrac après 3h de marche seulement. Nous sommes un peu frustrés par la brièveté du trajet mais il nous faut une gare pour pouvoir rentrer à Toulouse.

La journée, si courte fut-elle, nous fit traverser des champs de bleuets et retrouver toujours ce parfum entêtant des genêts sauvages.

Tous ici font grand cas de la bête du Gévaudan. Il y a des statues partout. Nous finissons au resto sur une entrecôte et un aligot. Il fallait bien que je goûte une de ces magnifiques vaches avant de rentrer quand même !

Si j’ai entendu des « je n’ai pas encore trouvé ce que je cherche », « le Chemin m’a sauvé la vie », etc… Je n’ai pas vu de pèlerins avancer plein de componction en récitant des « je vous salue Marie » ou marcher à genoux… plutôt des gens sympathiques et ouverts.

Qui se ressemble s’assemble me direz-vous, c’est peut-être la raison pour laquelle je n’ai pas encore rencontré d’illuminés.

Pourtant, je suis curieux, j’aimerais savoir en quoi ce chemin sauve la vie de gens. Pourquoi certains choisissent de faire cette rando plutôt qu’une autre. Pourquoi plusieurs fois alors qu’il y a tant de chemins magnifiques en France…

Nous verrons cela la prochaine fois peut-être !

Car nous comptons bien le continuer.